Assaut à Saint-Denis : une nouvelle équipe qui "pouvait passer à l'acte"

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avec AFP , modifié à
Cinq jours après les attaques survenues à Paris et au stade de France, et le jour-même de l'assaut à Saint-Denis, le procureur de Paris a fait un point sur l'enquête. Voici ce qu'il faut retenir.

Au moins deux terroristes morts, dont une femme kamikaze, et huit placés en garde à vue. C'est le bilan établi par le procureur de Paris, François Molins, après l'assaut, mené mercredi à l'aube par 110 hommes du Raid et de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), dans un appartement du centre de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis.

Lors d'une conférence de presse donnée en soirée, le procureur de Paris est revenu sur les conditions de cette opération d'envergure qui ciblait Abdelhamid Abaaoud, considéré par la police comme le chef opérationnel des attentats ayant fait au moins 129 morts. François Molins a annoncé qu'une quatrième "équipe de terroristes a été démantelée", indiquant de façon générale que "l'enquête a considérablement progressé".

 

>> mise à jour du 20 novembre :Contrairement à ce qui avait été annoncé dans un premier temps, la femme morte pendant l'assaut ne s'est pas donné la mort en se faisant exploser. En réalité, c'est un homme qui se serait est fait sauter en kamikaze, a-t-on appris vendredi de source policière.

  • Un nouveau commando qui "pouvait passer à l'acte"

Lors de l'opération, "une nouvelle équipe de terroristes a été neutralisée et tout laisse à penser que, au regard de leur armement, leur organisation structurée et leur détermination, ce commando pouvait passer à l'acte", a indiqué le procureur. Si l'on ne sait pas exactement quels projets terroristes avait en tête le commando, le cabinet du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a fermement démenti auprès d'Europe 1 que ces terroristes se préparaient à commettre un attentat imminent au centre d'affaires de La Défense, dans les Hauts-de-Seine. Et ce, malgré la rumeur ayant enflé toute la journée de mercredi sur les réseaux sociaux.

Au total, huit personnes, sept hommes et une femme, ont été interpellées et placées en garde à vue mercredi. Trois d'entre elles se trouvaient retranchées au sein de l'appartement. Si leurs identités ne sont pas encore formellement établies, le procureur a cependant indiqué qu'Abdelhamid Abaaoud et Salah Abdeslam, toujours recherché activement, "ne font pas partie des gardés à vue". 

François Molins a également affirmé que le "nombre définitif et les identités des personnes décédées" n'étaient pas établis, "si ce n'est qu'il y a au moins deux morts". Selon nos informations, un troisième corps aurait été retrouvé dans les décombres. Celui-ci s'ajouterait au corps de la femme s'étant fait exploser, qui pourrait être la cousine Abdelhamid Abaaoud, et au corps d'un homme, criblé d'impacts. Le djihadiste belge, cible de l'opération, pourrait-il figurer parmi ces morts ? Il est trop tôt pour le savoir, les enquêteurs procèdent aux expertises. 

  • Sur la trace d'Abaaoud grâce à un témoignage

Cette opération visant la planque rue Corbillon, à Saint-Denis, a été décidé après que les enquêteurs ont recueilli un témoignage, lundi, faisant état de la présence, sur le territoire français d'Abdelhamid Abaaoud, a annoncé le procureur de Paris. Ce Belge originaire du quartier de Moleenbek, véritable vivier de djihadistes, est considéré par les enquêteurs comme le chef opérationnel des attaques survenues à Paris et au stade de France, vendredi soir. C'est à partir de ce témoignage que les policiers "se sont orientés vers la piste de cet appartement", a précisé François Molins. Un témoignage qui, bien évidemment, "a fait l'objet de nombreuses vérifications téléphoniques et bancaires", a-t-il souligné.

  • Un assaut extrêmement difficile

Cet assaut inédit en France s'est révélé "d'une extrême difficulté" pour la police, a indiqué le procureur de Paris, qui a précisé que les hommes du Raid et de la BRI avaient dû utiliser plus 5.000 munitions. Les policiers n'ont pas réussi à faire exploser la porte blindée de l'appartement, qui a résisté dans un premier temps aux charges explosives.

Un incident qui a eu pour conséquence d'annuler l'effet de surprise souhaité et a permis aux terroristes de préparer leur riposte. C'est la raison pour laquelle des tirs très nourris et quasi ininterrompus s'en sont suivis, pendant près d'une heure, entre les forces de l'ordre et les terroristes retranchés.