Bonbonnes de gaz à Notre-Dame : le rôle de mentor de la djihadiste Inès M. se confirme dans un autre dossier

Le 8 septembre, Inès M. avait été arrêtée avec deux autres femmes en région parisienne.
Le 8 septembre, Inès M. avait été arrêtée avec deux autres femmes en région parisienne. © AFP
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avec AFP , modifié à
La jeune femme a été mise en examen jeudi pour son rôle de mentor auprès d'aspirants djihadistes en 2015.

Inès M., principale suspecte dans l'affaire des bonbonnes de gaz découvertes dans une voiture en septembre à Paris, sévissait-elle depuis plus longtemps ? Jeudi, elle a été mise en examen pour son rôle de mentor auprès d'aspirants djihadistes en 2015.

Sous l'identité d'un homme. Particularité des deux affaires, la jeune djihadiste originaire de Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis, est soupçonnée de s'être fait passer pour un homme pour exercer son influence, en se dissimulant sous des noms de combattants tels qu'Abou Omar ou Abou Souleymane sur les réseaux sociaux, notamment sur la chaîne de messagerie cryptée Telegram.

Le 8 septembre, elle avait été arrêtée avec deux autres femmes à Boussy-Saint-Antoine, dans l'Essonne, à l'issue d'une traque de plusieurs jours après la découverte d'une Peugeot 607, celle de son père, chargée de cinq bonbonnes de gaz en plein cœur de Paris. Se sachant repérées, deux des trois femmes, dont Inès M., avaient tenté de s'attaquer aux policiers avec un couteau. Pour les enquêteurs, le djihadiste français Rachid Kassim téléguidait le commando via Telegram depuis la zone irako-syrienne.

Inès M. est elle soupçonnée d'avoir été un mentor influent, sous le nom masculin et fictif d'Abou Omar, pour une autre suspecte arrêtée, Ornella G., dont l'ADN avait été retrouvé dans la voiture chargée de bonbonnes.

"Oussama". Comme l'avait révélé Le Monde le 6 novembre, Inès M. apparaît également aux yeux des enquêteurs derrière le nom d'Abou Souleymane, un personnage évoqué dans un reportage de Canal + (Les Soldats d'Allah) de mai 2016, où un journaliste avait infiltré une cellule d'aspirants djihadistes à Paris et Châteauroux, dans l'Indre. Le journaliste avait réussi à approcher l'émir d'un groupe actif sur les réseaux sociaux, un jeune franco-turc, "Oussama", qui continuait d'être actif sur Telegram malgré son contrôle judiciaire après une première mise en examen et plusieurs mois de détention provisoire pour être parti en Syrie.

Le journaliste avait également été en contact avec cet "Abou Souleymane", qui se prétendait de retour de Raqqa, capitale du groupe État islamique en Syrie, et lui avait donné rendez-vous dans une gare RER. Là, une femme en niqab, que les enquêteurs pensent être Inès M., lui avait remis une lettre avec un plan d'attaque. Soupçonnant qu'il passe à l'acte, les policiers avaient arrêté à Châteauroux "Oussama", mis en examen et écroué le 31 décembre 2015.

Aucune explication. Inès M. est soupçonnée dans ce dossier d'avoir utilisé les réseaux sociaux, toujours sous l'identité fictive d'Abou Souleymane, pour transmettre des instructions à ses émules, soit pour se rendre en Syrie, soit pour commettre des actions violentes, a expliqué une source proche du dossier. Extraite de sa cellule pour être placée en garde à vue, Inès M. n'a donné aucune explication aux enquêteurs, selon une source proche du dossier et a de nouveau été mise en examen jeudi pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.