"Air cocaïne" : les deux pilotes français jugés lundi

© MAXPPP
  • Copié
avec Noémie Schulz , modifié à
Arrêtés en République dominicaine après la découverte de 700 kg de cocaïne dans leur appareil, ils ne cessent depuis de clamer leur innocence devant la justice.

L'affaire a été baptisée "Air cocaïne" par la presse locale. Après un report de leur procès en septembre, deux pilotes d'avion français arrêtés il y a plus d'un an et demi en République dominicaine, vont enfin être jugés à partir de lundi avec deux autres compatriotes. Les deux hommes restent bloqués sur l'ile caribéenne après la découverte à l'époque de valises remplies de 700 kilos cocaïne dans leur appareil. Les deux hommes, qui ont connu plus d'un an de détention, ne cessent de clamer leur innocence. Europe 1 a pu s'entretenir avec eux, à l'aube de cette journée fatidique.

>> Mise à jour le 1er décembre 2014 à 18h30 : le procès a été à nouveau reporté lundi, à mars 2015. La juge a justifié sa décision par l'absence de certains témoins appelés à comparaître et le manque de réponse de la part des magistrats à plusieurs recours déposés par la défense.

>> LIRE AUSSI - "Air Cocaïne" : "Quinze jours dans un cachot comme dans Midnight Express"

26 valises, 700 kg de "coco". Le 20 mars 2013, Pascal Fauret, Bruno Odos, un membre de l'équipage, et leur passager sont interpellés sur le tarmac de l'aéroport de la station balnéaire de Punta Cana, dans l'ouest de la République dominicaine. Leur appareil privé, un Falcon 50, propriété du lunetier Alain Afflelou et exploité par une société de leasing, s'apprête à décoller pour la France. Mais dans la soute, 700 kg de cocaïne répartis dans 26 valises sont retrouvés par les autorités dominicaines. Le début d'un long calvaire pour les pilotes qui débute par la case prison.

"La cage est plus grande mais cela reste une cage ". Les deux hommes, désormais en liberté conditionnelle depuis cinq mois, sont contraints de rester sur l'île.  Et pour eux, le séjour en République dominicaine n'a plus rien de paradisiaque, tant leur situation est pesante. Les deux hommes partagent un petit appartement à Punta Cana. Ils s'adonnent à la marche à pied et passent beaucoup de temps sur leurs ordinateurs afin de préparer leur défense ou de communiquer avec leur famille. Mais le soleil se couche tôt et les fins de journées sont très pénibles pour les deux pilotes.

>> LIRE AUSSI - "Air Cocaïne" : "un soulagement" pour l'épouse de l'un des pilotes

"Je me sens toujours prisonnier. La cage est plus grande mais c'est une cage quand même", témoigne Pascal Fauret. "Notre journée de prisonniers de l'île commence le soir. C'est la nuit que tout est difficile", poursuit-il. Une situation que confirme Bruno Odos, son compagnon de galère, "Une fois que le corps s'est reposé un nombre minimum d'heures, il nous reste que le plafond à contempler.  C'est le moment où l'on réfléchit et, forcément, on se pose des questions. C'est long, c'est très long", raconte le pilote.

"L'enjeu est terrible et terrifiant". Pascal Fauret et Bruno Odos attendent désormais ce procès autant qu'ils le redoutent. D'abord parce qu'ils ne parlent pas espagnol : ils craignent de ne pas bien se faire comprendre, malgré les traducteurs. Et puis il existe aussi chez eux une grande méfiance envers la justice dominicaine.

>> LIRE AUSSI - "Air cocaïne" : les quatre Français accusés libérés

"On est préparés au stress mais l'enjeu est terrible. Il est terrifiant", confie le premier. "Nous ne sommes pas dans notre pays, et à la merci d'une justice que l'on n'a pas bien compris jusqu'à présent", explique-t-il. "On va enfin pouvoir parler, je l'espère. Donc on sera entendus", poursuit Bruno Odos. "Après 15 mois enfermés sans pouvoir s'exprimer, on est devenu très méfiant", affirme-t-il.  

Les deux pilotes ne se font ainsi pas beaucoup d'illusion sur un retour rapide en France.Lundi matin, le quotidien régional le Progrès faisait notamment état lundi matin de rumeurs courant en République dominicaine sur un nouveau report du procès. Ils se préparent d'ores et déjà à passer un second Noël loin de leurs familles.