Agression : deux versions, deux plaintes

Les deux jeunes suspectés d'en avoir passé un autre à tabac démentent le motif antisémite.
Les deux jeunes suspectés d'en avoir passé un autre à tabac démentent le motif antisémite. © MAXPPP
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et Jean-Luc Boujon, avec AFP , modifié à
Les deux jeunes suspectés d'en avoir passé un autre à tabac démentent le motif antisémite.

L'affaire est plus compliquée que ce qu'il n'y paraissait au départ. Alors que le ministre de l'Intérieur, qui a révélé jeudi matin l'agression d'un lycéen de 17 ans dans un train, dénonçait un acte antisémite, les enquêteurs se montrent désormais très prudents.

"Le caractère antisémite de l'agression n'est pas encore avéré"

La victime et ses agresseurs présumés donnent en effet deux versions des faits différentes. Selon une source judiciaire, "le caractère antisémite de l'agression n'est pas encore avéré".

Le jeune homme de 17 ans assure que ses agresseurs savait qu'il était juif et que c'est la raison pour laquelle ils s'en seraient pris à lui. La victime affirme qu'ils ont proféré des menaces et des insultes antisémites pendant l'agression.

Le frère de la victime, avec lequel il était au téléphone au moment de l'incident, assure lui aussi que les deux agresseurs l'ont attaqué parce qu'il était juif. "Il avait un médaillon avec un signe dessus, donc ça se voyait qu'il est juif. Et il me parlait, or mon nom à une consonance assez hébraïque", explique à Europe 1 Tsyonn, le frère du jeune homme agressé.

"On ressentait qu'il y avait beaucoup de haine"

"Ce sont les agresseurs qui lui ont fait remarquer qu'il était juif, pas mon frère. Ils lui ont dit : 'qu'est-ce que t'as avec tes bras de juif ?' On ressentait qu'il y avait beaucoup de haine", poursuit-il.

De leur côté, les deux suspects, arrêtés et placés en garde à vue jeudi matin, expliquent que s'ils s'en sont pris au jeune homme, c'est parce qu'il ne cessait de téléphoner et parlait très fort dans le wagon, dérangeant les autres voyageurs et notamment un bébé qui dormait. Ils assurent qu'ils ne savaient pas que la victime était juive et soutiennent ne pas avoir tenu de propos antisémites. Leur garde à vue a été prolongée vendredi matin pour 24 heures supplémentaires.

D’ailleurs l'un d'eux a porté plainte contre la victime présumée pour coups et blessures. Il aurait expliqué aux enquêteurs avoir subi des violences de la part du jeune homme juif.

Les premiers témoignages de voyageurs recueillis par les enquêteurs vont dans le sens des deux jeunes agresseurs présumés, indique la police. Personne n'a entendu d'insultes à caractère antisémite. Mais la police cherche encore à interroger tous les passagers qui se trouvaient dans le wagon au moment de l'agression.

La victime a porté le premier coup

Enfin, les enquêteurs ont réussi à déterminer que c'est la victime du passage à tabac qui a en fait porté le premier coup. Le lycéen explique avoir donné un coup de tête car il se sentait menacé.

Ces nouveaux éléments ne permettent pas d'établir formellement pour l'instant le caractère antisémite de l'agression. Pourtant, cet élément est essentiel pour la suite de l'enquête puisqu'il est considéré comme une "circonstance aggravante" et peut mener à des peines plus lourdes.