Affaire Toscan : "un choc" pour la famille

Si la plus haute juridiction irlandaise optait pour l'extradition, il lui resterait la possibilité d'introduire un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme.
Si la plus haute juridiction irlandaise optait pour l'extradition, il lui resterait la possibilité d'introduire un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme. © Max PPP
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avec AFP , modifié à
La Cour suprême irlandaise s'est opposée à l'extradition vers la France de Ian Bailey.

Le journaliste britannique Ian Bailey restera bien en Irlande. La Cour suprême irlandaise s'est opposée jeudi à l'extradition vers la France du principal suspect dans cette affaire de meurtre en Irlande en 1996. Le Britannique Ian Bailey, 55 ans, qui n'a jamais été poursuivi en Irlande pour le meurtre de Sophie Toscan du Plantier, clame son innocence depuis plus de 15 ans. Il jouait là sa dernière carte en Irlande pour échapper à une extradition en France, où la justice veut l'interroger.

"Un choc" pour la famille

La plus haute instance judiciaire irlandaise a justifié sa décision par le fait qu'aucune décision en France n'avait été prise pour "engager un procès" contre le Britannique pour le meurtre de l'épouse du producteur Daniel Toscan du Plantier. Les cinq juges de la Cour suprême à Dublin avaient examiné le recours de cet ancien journaliste indépendant contre son extradition lors d'une audience de trois jours à la mi-janvier.

"C'est un choc pour la famille, un choc difficile à supporter pour les parents", a aussitôt réagi la famille par la voix de son avocat, Me Alain Spilliaert. "C'est une énorme déception car nous étions relativement confiants après la décision favorable de la Haute Cour de Dublin."

Ian Bailey est accusé d'avoir tué Sophie Toscan du Plantier, 39 ans. La Française avait été retrouvée assassinée au matin du 23 décembre 1996 près de sa maison isolée de Schull, un village de la côte sud-ouest de l'Irlande. Elle était venue y passer quelques jours avant Noël. L'épouse du producteur de cinéma Daniel Toscan du Plantier, aujourd'hui décédé, avait été frappée à la tête à coups de parpaing.

Un recours devant la cour européenne

En mars dernier, la Haute Cour de Dublin avait donné son feu vert à l'extradition vers la France de Ian Bailey. La justice française, à qui le dossier de ce meurtre jamais résolu a été transmis en 2008, avait émis un mandat d'arrêt européen à son encontre en février 2010.

Journaliste pigiste résidant à quelques kilomètres de la maison de la victime, Ian Bailey avait rapidement éveillé les soupçons des policiers, en raison notamment de sa présence tôt sur les lieux du crime et du témoignage d'une voisine, mais qui s'est ensuite rétractée. Interpellé à plusieurs reprises par la police irlandaise, il n'a jamais été inculpé.

Aujourd'hui étudiant en droit, il avait assisté aux trois jours d'audience devant la Cour suprême avec sa compagne. Si la plus haute juridiction irlandaise optait pour l'extradition, il lui resterait la possibilité d'introduire un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme. Dans le cas contraire, cela constituerait un sérieux revers à la procédure française.

"Nous attendons une mise en examen"

La mère de Sophie Toscan du Plantier espérait beaucoup de la justice irlandaise. "Nous souhaitons que Ian Bailey soit extradé et conduit auprès du juge d'instruction parisien, Patrick Gachon, pour être entendu et écroué", déclarait mercredi Marguerite Bouniol dans un entretien au Figaro.fr. "Ensuite, nous espérons un procès. Depuis le meurtre de notre fille, le 23 décembre 1996, cela fera bientôt seize ans que nous attendons une mise en examen du suspect." Avec le refus d'extrader Ian Bailey, la tenue d'un procès semble plus que jamais compromise.