Affaire Tapie : Guéant entendu au pôle financier en vue de sa mise en examen

claude guéant
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C.P.-R. et Pierre de Cossette avec AFP , modifié à
L'ancien secrétaire général de l'Elysée est arrivé mercredi matin chez les juges financiers parisiens pour être entendu sur son rôle dans l'arbitrage de plus de 400 millions d'euros dont a bénéficié Bernard Tapie dans son conflit face au Crédit Lyonnais.

Claude Guéant, est arrivé mercredi peu après 9 heures, au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, en vue de sa mise en examen. Il va être entendu par les juges de la Brigade financière sur son rôle, lorsqu'il était secrétaire général de l'Elysée, dans l'arbitrage de plus de 400 millions d'euros dont a bénéficié Bernard Tapie, dans le litige qui l'oppose, depuis plus de vingt ans, au Crédit Lyonnais sur la revente d'Adidas.

Vers une mise en examen ? Claude Guéant est arrivé en voiture au 122 rue du Château-des-Rentiers, dans le 13e arrondissement de Paris, comme a pu le constater notre journaliste présent sur place. L'ancien pensionnaire de Beauvau était accompagné de son avocat qui n'a pas souhaité faire de déclaration. Fin juin, le parquet de Paris avait demandé aux juges d'instruction de mettre en examen Claude Guéant dans ce dossier dit de "l'affaire Tapie", pour "complicité de détournement de fonds publics". A l'issue de cette audition, les magistrats financiers pourraient donc décider de celle-ci ou le placer sous le statut intermédiaire de témoin assisté.

Des entrevues avec Tapie. Les juges sont convaincus que la sentence arbitrale rendue en faveur de Bernard Tapie, en juillet 2008, est le fruit d'un simulacre de justice organisé avec l'aval de l'Elysée. La justice s'intéresse notamment aux nombreux rendez-vous organisés avec Bernard Tapie en 2007 et 2008 au palais présidentiel, alors que Claude Guéant était secrétaire général de la présidence de la République.

Quel rôle a-t-il joué ? Les magistrats cherchent à savoir s'il a alors eu un rôle moteur dans la décision du gouvernement de ne pas contester l'arbitrage, malgré la polémique. Fin juillet, l'avocat de Claude Guéant, Philippe Bouchez El-Ghozi, avait contesté que son client ait donné des "instructions ou des consignes" dans cette affaire. Au regard de ses fonctions de l'époque, "il n'est pas anormal qu'il se soit tenu informé et qu'il ait suivi un dossier qui concerne des fonds publics", avait estimé l'avocat.

"Escroquerie en bande organisée". Bernard Tapie, son avocat Maurice Lantourne, l'un des trois juges-arbitres Pierre Estoup, et Stéphane Richard, ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, ainsi que les anciens patrons des structures chargées de gérer le passif du Lyonnais, le CDR et l'EPFR, sont, eux, mis en examen dans ce dossier pour "escroquerie en bande organisée". L'ancienne ministre de l'Economie, aujourd'hui patronne du Fonds monétaire international, est, elle, mise en examen pour "négligence".

Les affaires s'accumulent pour Guéant. D'autre part, Claude Guéant est déjà mis en examen dans l'affaire de la vente de ses tableaux flamands. Il sera également jugé en correctionnelle, à partir du 28 septembre, pour les primes en liquide touchées lorsqu'il était directeur de cabinet au ministère de l'Intérieur.