Affaire Le Roux : la justice préconise le rejet du pourvoi d'Agnelet

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© JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
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C.P.-R. avec AFP , modifié à
Si le pourvoi de Maurice Agnelet est rejeté, sa condamnation à vingt ans de réclusion pour l'assassinat d'Agnès Le Roux, en 1977, sera définitive. A moins de saisir la Cour européenne des droits de l'Homme.

C’est une affaire qui s’étire depuis bientôt quatre décennies. Mercredi, l'avocat général a préconisé à la Cour de cassation de rejeter le pourvoir formé par Maurice Agnelet contre sa condamnation par la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine pour l'assassinat en 1977 de sa maîtresse, Agnès Le Roux, jeune héritière d'un casino niçois.

L’homme aujourd’hui âgé de 77 ans a pourtant toujours clamé son innocence. Avec ce pourvoi, il espère obtenir l'annulation du verdict rendu à son encontre le 11 avril 2014 et un nouveau procès. Mais si sa demande est rejetée, sa condamnation à 20 ans de réclusion deviendra définitive aux yeux de la justice française et son unique recours sera de saisir la Cour européenne des droits de l'Homme. Mais au regard de cette hypothèse, la famille Le Roux pointe déjà la "stratégie procédurière jusqu'au-boutiste" d’Agnelet consistant à utiliser "toutes les voies de recours". "Ça suffit, à un moment, il faut s'arrêter", estime Jean-Charles Le Roux, le frère d'Agnès.

Une disparition pour 3 millions ? L'affaire remonte au week-end de la Toussaint 1977. Agnès Le Roux disparait alors qu’elle est âgée de 29 ans, au volant de sa Range Rover. A l’époque, la jeune et belle héritière fréquente un avocat niçois du nom de Maurice Agnelet, qui conseille la mère d’Agnès dans ses affaires, Renée Le Roux, à la tête du casino du Palais de la Méditerranée.

Quelques mois avant sa disparition, Agnès Le Roux vend à un concurrent ses parts du casino pour 3 millions de francs. La somme est d'abord versée sur un compte commun aux deux amants à Genève. Mais après la disparition d’Agnès, elle se retrouve sur un compte au seul nom d'Agnelet. Et pourrait donc représenter un mobile au crime. Le corps d’Agnès n'ayant jamais été retrouvé, ni son véhicule, l’absence de preuve matérielle fait planer le doute sur la culpabilité de Maurice Agnelet.

De multiples rebondissements judiciaires. L'affaire a connu de multiples et spectaculaires rebondissements. En 1985, Maurice Agnelet a d'abord bénéficié d'un non-lieu. Puis, le principal suspect de l’affaire a été acquitté en 2006 avant d'être condamné en appel à 20 ans de prison l'année suivante. Avant que la Cour européenne des droits de l'Homme estime, début 2013, que ce procès n'était pas équitable, faute de motivation du verdict de 2007. Une décision qui a ouvert la voie à un troisième procès, qui s'est tenu à Rennes, en 2014, et à l’issue duquel Maurice Agnelet a été reconnu coupable de l’assassinat d’Agnès Le Roux et condamné à 20 ans de réclusion criminelle.

Ce troisième procès avait donné lieu à un affrontement au sein de la famille Agnelet, le fils Guillaume accusant son père du meurtre d'Agnès Le Roux, certitude basée, a-t-il affirmé, sur des révélations de ses parents. Mais la mère de Guillaume, ancienne épouse de Maurice Agnelet, avait contesté ces accusations. 

De pures questions de procédure. Devant la Cour de cassation, où Maurice Agnelet sera représenté par Me Didier Bouthors, ce ne sont pas les faits qui seront examinés, mais la bonne application du droit. La défense de Maurice Agnelet va ainsi faire valoir que la demande d'audition par la cour d'assises d'une ex-épouse d'Agnelet, principal témoin de l'accusation, a été trop tardive pour qu'elle puisse être entendue. Une "atteinte grave aux droits de la défense", selon François Saint-Pierre, avocat de Maurice Agnelet. En 1999, cette ex-épouse avait permis la réouverture du dossier en revenant sur l'alibi qu'elle avait jusqu'alors fourni à son amant.

Par ailleurs, l'acte d'accusation renvoyant Agnelet devant les assises "ne décrit aucun crime", selon Me Saint-Pierre. Et dans la motivation de sa décision, la cour fait référence à un témoin dont Me Saint-Pierre n'a "absolument pas souvenir" que sa déposition ait été lue ni débattue à l'audience. Les procès-verbaux des débats n'en font pas état, selon lui. La décision sera rendue le 8 juillet.