Affaire Grégory : l'ADN n'a pas parlé

Des profils ADN ont été identifiés mais ne correspondent à aucun proche du petit Grégory.
Des profils ADN ont été identifiés mais ne correspondent à aucun proche du petit Grégory. © MAXPPP
  • Copié
, modifié à
Des profils ADN ont bien été identifiés mais ne correspondent à aucun profil déjà connu.

Le dossier n'est "pas fermé", mais "de manière scientifique, l'espoir s'amenuise", a reconnu mercredi le procureur général de Dijon, Jean-Marie Beney. Ce magistrat a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a détaillé les résultats des nouvelles expertises, ordonnées en septembre dernier dans l'enquête sur le meurtre de Grégory Villemin, l'enfant retrouvé pieds et poings liés en 1984, dans la Vologne.

Plusieurs profils ADN ont bien été isolés... Un laboratoire de Bordeaux, qui travaille avec les techniques "les plus pointues", a mené trois séries d'expertise, a détaillé Jean-Marie Beney. Sur les cordelettes qui servaient à tenir le corps du petit garçon, les résultats sont "minces", a dit le procureur. Ces cordelettes, qui ont déjà été manipulées et "fendues" lors de précédentes analyses, sont "très difficilement exploitables". Les scientifiques ont néanmoins réussi à isoler "un mélange d'ADN masculins très partiel". Ce résultat pourrait permettre "de faire une exclusion mais rien de plus", a prévenu le procureur.

A LIRE AUSSI : Affaire Grégory, une nouvelle avancée

Les vêtements de Grégory ont également été analysés. Sur le bonnet et les chaussures du petit garçon, qui jusque là n'avaient pas été expertisées, aucune trace n'a été trouvée. Sur son pantalon, un profil ADN partiel féminin a été isolé à deux endroits - sur une jambe et sur l'arrière. Sur le pull-over du petit garçon, ont été trouvés un ADN partiel masculin et un autre ADN complet masculin. Et sur son anorak, un profil ADN partiel masculin. Trois "mélanges d'ADN" ont en outre été relevés sur le pull, le tee-short et l'anorak de Grégory. Enfin, sur le tee-shirt, les scientifiques ont découvert l'ADN de la victime elle-même, "ce qui est normal, mais ce qui  prouve que quand on a empreinte de qualité, même 29 ans après, on sait mettre un nom" dessus, s'est félicité Jean-Marie Beney.

Une lettre anonyme, envoyée en novembre 1984 au juge d'instruction de l'époque, Jean-Michel Lambert, et qui n'avait jamais été analysée, a aussi été expertisée. Sur la lettre, trois mélanges d'ADN masculins et féminins ont été isolés tout comme un profil ADN partiel masculin. Ce dernier a pu être attribué à un enquêteur de l'époque. Enfin, sur l'enveloppe, les scientifiques ont trouvé un profil ADN complet.

... Mais pas de concordance. Reste que tous les profils ADN complets et partiels ont déjà été comparés à la base de données versée au dossier et qui contient les profils de 280 personnes. Et que hormis l'ADN de Grégory et celui de l'enquêteur trouvé sur la lettre, "ces comparaisons ne permettent pas de mettre des noms sur ces profils". "Il n'y a pas d'identification formelle", a reconnu le procureur.

La "voix du corbeau" n'a pas non plus parlé. Les analyses effectuées sur la voix du corbeau qui harcelait les parents de Grégory au téléphone, n'ont non plus pas donné de résultats probants. Compte tenu de la médiocre qualité des enregistrements des voix, mais aussi de la qualité critique des enregistrements de comparaison, les experts n'ont pas pu utiliser les logiciels automatiques et ont donc travaillé à partir de méthodes plus anciennes. "Avec grande prudence, il y aurait possiblement deux voix, un homme et une femme. Malheureusement, il ne sera pas possible de mettre des noms sur ces locuteurs", a annoncé Jean-Marie Beney.

Que va devenir le dossier ? L'enquête avait été rouverte en 2008 par la cour d'appel de Dijon dans le but, justement, de recourir à de nouvelles expertises ADN. "Le dossier n'est pas fermé", a martelé le procureur. Mais Jean-Marie Beney a néanmoins reconnu que "il y a toujours un espoir mais il s'éloigne". "Il faut que les investigations soient proportionnelles à la gravité du dossier, on ne va pas aller prélever 3.000 personnes dans la vallée de la Vologne, ça serait disproportionné et mal vu", a prévenu le magistrat. "Il ne faut pas rêver à des choses qui n'existent pas", a-t-il conclu.