Accusés à tort de maltraitance, ils récupèrent leur fillette 3 ans plus tard

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Photo d'illustration © AFP
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avec AFP , modifié à
Une fillette, dont les parents accusés à tort de maltraitance en avaient perdu la garde avant d'être relaxés en juin, sera maintenue sous placement, mais à leur domicile.

Après plus de trois ans et demi de séparation, Yoan et Sabrina vont pouvoir retrouver leur petite fille de trois ans. Accusés à tort de maltraitance, ils avaient perdu la garde de Louna avant d'être relaxés en juin dernier par le tribunal correctionnel de Nancy. Jeudi, un juge des enfants du tribunal d'Epinal a décidé que l’enfant sera maintenue sous placement, mais à leur domicile. Une décision qui permettra la mise en place de contrôles quotidiens des services de protection de l'enfance. 

Le père, condamné pour violences conjugales. "La décision maintient donc le placement de la fillette aux services départementaux des Vosges, mais au domicile des parents, avec une intervention extrêmement lourde des services, quotidienne", a détaillé le procureur d’Epinal, Etienne Manteaux, qui a clarifié : "Il y a une volonté d'apaisement, mais les éléments qui avaient justifié le placement, des éléments d'inquiétude, n'ont pas été entièrement levés".

Lors de ses réquisitions, le parquet d'Epinal demandé la solution du maintien du placement au domicile des parents, faisant valoir que le père avait été condamné pour des violences conjugales et soulignant un "contexte d'impulsivité".

Atteinte d’une maladie rare. En 2012, la petite Louna avait été retirée au couple, alors qu’elle était encore un nourrisson, à la suite d'un signalement de médecins du CHU de Nancy. Constatant des gonflements sur le corps du bébé, ceux-ci avaient en effet soupçonné des mauvais traitements et l’enfant avait alors été placé en famille d’accueil. "C’était un enfer. Tout le monde nous pointait du doigt en disant : 'Vous savez ce qu'ils ont fait à leur fille?'", se souvenait la jeune mère, Sabrina, en juillet dernier au micro d’Europe 1. 

1.000 malades en France. Mais la fillette souffrait en réalité, comme sa mère et son frère de deux ans et demi, d'angioedème héréditaire, une maladie génétique rare dont les symptômes peuvent faire penser à des traces de coups. Cette maladie rare, touchant environ 1.000 personnes en France, "se manifeste par des oedèmes récurrents pouvant siéger aux extrémités, au tronc, au visage" et dont certains, à la gorge, peuvent entraîner un risque d'asphyxie. 

Innocentés, après trois ans de bataille. Ce n’est que trois ans plus tard que le couple est enfin sorti de son cauchemar. Le 22 juin dernier, le couple a été relaxé par le tribunal correctionnel de Nancy, grâce à la contre-expertise médicale d'une pédiatre de Grenoble, appartenant au CREAK, le centre de référence de l'angioedème héréditaire. "Pour nous, il n’y a jamais eu présomption d’innocence. Nous étions coupables et il fallait que l’on soit condamnés pour ce que l’on avait fait", avait dénoncé Yoan, le père, lors de cette même interview.

Ils récupèrent de force leur enfant. Mais après cette décision de justice les innocentant, les parents étaient toujours en attente d’une décision concernant leur petite fille qu’ils souhaitaient revoir au plus vite à la maison. A la mi-août, ils ont donc outrepassé la justice et récupéré sans autorisation Louna, lors d'une visite organisée dans les locaux de la Direction vosgienne des interventions sociales de Rambervillers (Dvis). Pour cet "enlèvement", le ministère public avait renoncé, lors de son réquisitoire, à poursuivre les parents.