Naufrage mortel sur la Seine : un pilote de bateau-mouche jugé

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Noémie Schulz et Sébastien Guyot avec Chloé Pilorget-Rezzouk et AFP , modifié à
Lundi, s'ouvre le procès d'un pilote de bateau-mouche qui avait percuté une embarcation sur la Seine, en plein cœur de Paris, en 2008. Deux passagers avaient été tués dans cet accident.  

L'info. C'est le procès d'un drame rarissime qui s'ouvre lundi et pour quatre jours, au tribunal correctionnel de Paris. En 2008, un bateau-mouche avait abordé et coulé une embarcation de plaisance tuant deux passagers. Son pilote comparaît pour "homicides et blessures involontaires", "excès de vitesse" et "usage de stupéfiants" car il avait été contrôlé positif au cannabis.

Une collision très violente. L'affaire remonte au 13 septembre 2008. Ce soir-là, quatre familles sont réunies à bord d'un bateau de plaisance, L'Alcyone, pour célébrer l'anniversaire du petit Virgile qui fête ses six ans. La petite embarcation s'apprête à franchir la voute du pont de l'Archevêché, en contrebas de Notre-Dame-de Paris, dans un passage étroit et délicat qui sépare l'île de la Cité de la rive gauche. A l'arrière, La Besogne, un imposant bateau-mouche long d'une soixantaine de mètres, s'approche dangereusement. Le choc est d'une violence inouïe, "le bruit effroyable", selon les survivants. Les douze passagers du bateau de plaisance, parmi lesquels six enfants, sont projetés dans la Seine. Le pilote, âgé de 47 ans dont 30 de navigation, et le petit Virgile, pourtant porteur d'un gilet de sauvetage, sont emportés au fond du fleuve et ne seront retrouvés que quelques heures plus tard.

En excès de vitesse ? Pour les familles des victimes, le drame aurait pu être évité. Elles dénoncent de graves erreurs commises par le pilote du bateau-mouche. Il avait fumé du cannabis et allait trop vite, affirme ainsi leur avocate Aurélie Cerceau au micro d'Europe 1 : "Au moment où il voit l'embarcation, il aurait pu s'arrêter, mais surtout, il aurait pu décélérer, pour laisser petit à petit une distance réglementaire entre cette embarcation et la sienne", explique l'avocate. Mais selon elle, ce n'est pas ce qu'a fait le pilote de La Besogne. "Aux services de police, il dit simplement : 'je pensais qu'ils pourraient franchir le pont sans difficultés'. Et il va foncer, ne ralentira pas et va percuter la petite embarcation", poursuit Me Cerceau.

"C'est un comportement terrifiant qui n'est pas digne d'un pilote d'une embarcation sur la Seine." Car d'après l'avocate, si le pilote allait trop vite, c'était pour boucler dans les temps son parcours touristique. Selon un expert, le tour sur la Seine de 15 kilomètres devait être réalisé en 15 minutes seulement. Impossible, sauf à dépasser la vitesse maximale autorisée. La responsabilité pénale de la Compagnie des Bateaux-Mouches n'a pas été retenue.

Ou une embarcation trop chargée ? En revanche, du côté de la défense, les explications sont totalement différentes. Pour les avocats du pilote, ce sont les passagers de L'Alcyone qui auraient eu un comportement irresponsable : ils auraient été trop nombreux à bord, et surtout , leur bateau aurait été victime d'un problème technique.

Ce sont les juges de la 10e chambre correctionnelle qui devront  déterminer ce qui s'est passé lors de ce drame très rare. Depuis 1989 en effet, seuls trois accidents mortels impliquant des bateaux-mouches ont été recensés sur la Seine, à Paris. L'avant-dernier impliquait déjà La Besogne qui avait percuté le 19 août 2003 un Zodiac, tuant son pilote.