Accident de Puisseguin : comment les "experts" travaillent à l'identification des corps ?

24.09 puisseguin gendarmerie IRCGN  1280
© AFP
  • Copié
Stéphane Place et M.-A.B. , modifié à
Des premiers corps ont pu être extraits de la carcasse du car calciné. Le début d'enquête et d'analyse minutieux pour les "experts" de la gendarmerie. 

Depuis samedi matin, les experts de la gendarmerie sont engagés dans un travail extrêmement délicat d'identification et d'extraction dans la carcasse du bus calciné. Des premiers corps ont pu être extraits dans la journée.

Extraire les restes des victimes. Sur place à Puisseguin, les fourgons funéraires, escortés par des motards, multiplient les aller-retours samedi entre les lieux de l'accident et l'Institut médico-légal de Bordeaux où ils transportent les corps. Une trentaine de spécialistes de la gendarmerie se trouvent sur place et procèdent au "relevage", selon le terme utilisé dans le jargon de ces experts, de 21 corps. Une première phase dans les opérations d'identification des victimes, qui peut prendre environ trois jours.

Une recherche minutieuse au milieu de tôles brûlées. Dans le virage où se trouvent les restes totalement calcinés du car et du camion, chaque indice est répertorié par les techniciens de l'IRCGN qui ont déployé sur la route départementale, bordée de forêts et de vignobles, une tente blanche et une grande table sur deux tréteaux pour trier et étiqueter tous les éléments recueillis au milieu des tôles brûlées. Vêtus de combinaisons blanches, ces gendarmes ne laissent rien passer.

Dans ce QG de campagne, règne un calme étonnant où chacun reste concentré sur sa tâche. On distingue également dans les  carcasses des véhicules noircis par le feu des petits plots jaunes avec des numéros, qui situent les éléments retrouvés, au fil des heures, de cette recherche particulièrement minutieuse.

Encore une longue attente avant l'identification. Au total, ce travail d'identification devrait prendre environ trois semaines, selon le colonel Patrick Touron, directeur adjoint de  l'IRCGN. "L'ADN, les dents et l'odontologie, tous ces éléments assez peu sensibles au feu, vont être exploités", explique le gendarme au micro d'Europe 1. "C'est pour cela que nous avons des experts dans tous ces domaines, dont certains qui sont capables de parfaitement travailler sur des éléments profondément dégradés par un incendie", poursuit-il.

Comparer chaque élément. Avant l'identification des restes en tant que tels, il faut attribuer chaque élément "un par un", explique le Colonel Touron, car c'est l'ADN qui seul permet de déterminer quelle dépouille correspond à telle indentité. "Ensuite, nous les comparons avec les éléments d'information qui nous sont communiqués par les familles. Puis, nous passons à l'étape dite de 'réconciliation' : c’est-à-dire  que  j'ai un profil ADN A que j'ai prélevé sur une zone d'accident et que je ne connais pas. De l'autre côté, j'ai un profil ADN B qui m'a été communiqué par les familles", détaille-t-il.  Après comparaison, "B = A, donc je dis que la dépouille qui n'avait pas de nom du fait des dégradations, peut s'en voir attribuer un puisque l'on sait que son ADN correspond à telle personne".

La remise des corps, étape primordiale au deuil. Le fruit de ce travail est enfin remis à une commission dirigée par le procureur en charge de l'enquête. Le but : établir enfin que chaque dépouille identifiée porte  tel nom. "On peut alors rendre le corps aux familles. Il est clair que le processus de deuil commencera vraiment quant ont  remettra le corps aux familles", conclut le colonel.