A-t-on tiré les leçons de Xynthia ?

En février 2010, la submersion d’une digue lors du passage de la tempête Xynthia à la Faute-sur Mer, en Vendée, avait provoqué la mort de 29 personnes.
En février 2010, la submersion d’une digue lors du passage de la tempête Xynthia à la Faute-sur Mer, en Vendée, avait provoqué la mort de 29 personnes. © REUTERS/Regis Duvignau
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Sébastien Guyot avec , modifié à
ENQUÊTE E1 - Malgré des efforts, certains dispositifs restent peu appliqués, et des permis de construire en zone rouge continuent d'être délivrés.

Plus de quatre ans après la tempête Xynthia, dont le procès s'est ouvert lundi, a-t-on tiré des leçons de cette catastrophe meurtrière ? Aujourd'hui, un million et demi de Français vivent en zone de submersion marine et 17 millions de personnes en zone inondable. Et malgré les mesures adoptées après la tempête Xynthia, la France n'est pas suffisamment armée contre une éventuelle nouvelle catastrophe.

Encore du chemin pour renforcer les digues. En cas de nouveau Xynthia, il y a donc fort à parier qu'il y aura de nouveaux morts. Et ce, même si l’État a par exemple dépensé 500 millions d'euros pour renforcer 1.200 kilomètres de digues. Car, pour le moment, seulement 400 kilomètres de digues ont été renforcés, alors qu'on en dénombre au total 9.000 kilomètres.

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Des permis de construire encore accordés. Autre exemple des limites des mesures prises par l'Etat : avant 2010, la cartographie des zones à risques n'était presque pas respectée. Aujourd'hui, on sait avec précision quelles sont les zones rouges, c'est-à-dire les communes où il est désormais formellement interdit de construire. Reste un problème de taille : sous la pression de certains promoteurs immobiliers, les maires continuent à accorder des permis de construire.

Ce que dénonce Benoît Hartman, porte-parole de la fédération France Nature Environnement. "En France, on construit de façon illégale dans des zones inondables mortelles". Ce dernier cite en exemple les inondations de Draguignan, dans le Var, qui avaient provoqué la mort de 25 personnes en 2010. "La commune [de Draguignan] n'a rien trouvé de mieux que de reconstruire à cet endroit une crèche et une maison de retraite. Un an après, jour pour jour, elle était inondée", déplore Benoît Hartman.

Des plans de prévention reportés. Et quand la catastrophe arrive, là encore, les dispositifs prévus ne sont pas tous appliqués. 300 villes du littoral ont été désignées comme prioritaires, comme Noirmoutier. Or, le plan de prévention a été reporté à 2016.

Les Plans communal de sauvegarde pas mis en place. Des catastrophes qui n'ont pas servi de leçon partout. En France, 45.000 communes n'ont toujours pas de Plan communal de Sauvegarde. Un dispositif pourtant obligatoire, qui permet, entre autres, d'alerter les habitants par SMS en cas de danger.

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La montée du niveau de la mer change la donne. Autant de manquements peu rassurants. Car selon les spécialistes, à cause de l'érosion et de la montée du niveau de la mer, de nouvelles maisons construites aujourd’hui en toute légalité se retrouveront vulnérables dans quelques années.