A Molenbeek, les recruteurs proposent aux jeunes jusqu'à 10.000 euros pour partir faire le djihad en Syrie. 1:27
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Walid Berrissoul avec A.H.
Après l'arrestation de Salah Abdeslam, les habitants de Molenbeek espèrent que les recruteurs de jeunes djihadistes seront rapidement appréhendés.
REPORTAGE

Les familles de Molenbeek espèrent qu’après la traque des terroristes viendra très rapidement celle des recruteurs. Dans cette commune de Bruxelles de 100.000 habitants, l'une des plus pauvres d'Europe, ils sont déjà responsables de 85 départs en Syrie. 

10.000 euros pour partir en Syrie. Pour convaincre les jeunes de partir combattre en Syrie, les filières utilisent à Molenbeek des techniques inédites, et notamment "le djihad par l’appât du gain". Interrogé par Europe 1, Jamal Ikazban, ancien éducateur dans cette banlieue bruxelloise, affirme qu'il y a "des jeunes à qui l'on a proposé entre 5 et 10.000 euros, parfois plus, pour aller combattre en Syrie". Une somme considérable pour ces jeunes, souvent sans emploi. En effet, dans certains quartiers de Molenbeek, plus de 50% des jeunes sont au chômage. Si Jamal Ikazban est "très content" lorsqu'il rencontre un jeune qui a refusé l'offre des recruteurs, l'ancien éducateur se demande avec inquiétude combien de temps va-t-il résister "si ce jeune continue à galérer, à être montré du doigt, stigmatisé…"

Molenbeek, livrée à elle-même ? Pauvre et désenchantée, Molenbeek est un "terreau idéal" pour les recruteurs, selon Jamal Ikazban. La municipalité est dépassée. A tel point que certains élus en sont même à devoir se rendre personnellement à la frontière syrienne pour convaincre des jeunes radicalisés de rentrer. Mais par quels moyens ? Que leur promettre ? 150.000 euros ont été débloqués par le gouvernement pour venir en aide à Molenbeek. Une somme dérisoire pour le premier adjoint de la commune, Ahmed El Khannous : "Si on veut que notre jeunesse puisse résister aux influences de ces milieux sectaires, il faut les aider à réussir dans leur scolarité, sur le marché de l’emploi...", demande-t-il.

Preuve de ce sentiment d'abandon, une partie de son équipe a même dû ouvrir une cellule de déradicalisation improvisée, et pour l’instant sans moyens supplémentaires.