A Marseille, sursis requis contre la psy

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avec AFP , modifié à
Jugée pour homicide involontaire, elle conteste toute négligence dans la gestion de son patient.

Ils étaient environ une centaine à faire le déplacement au tribunal correctionnel de Marseille pour soutenir leur consœur, la psychiatre Danièle Canarelli. Cette dernière a répondu mardi d'homicide involontaire.

Le tribunal se penche en effet sur sa responsabilité dans la mort d'un octogénaire, assassiné à Gap en 2004 par un homme schizophrène qu'elle avait laissé sortir pendant quelques jours. Si elle admet avoir eu quelques difficultés à cerner la personnalité de ce malade, la psychiatre conteste toutefois toute négligence.

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"Peu de difficultés comportementales"

C'est devant une salle où avaient pris place de nombreux confrères de la psychiatre que le président a précisé en préambule qu'"on n'était pas en train de juger la psychiatrie". Et d'ajouter : "Mais il n'y a pas dans la société française d'impunité pour qui que ce soit."

Danièle Canarelli, a donc dû répondre à un long interrogatoire. D'un ton assuré, le médecin de l'établissement Edouard-Toulouse est revenue sur le suivi de Joël Gaillard, de son hospitalisation en 2000 à sa fugue le 19 février 2004, vingt jours avant l'assassinat à Gap, à coups de hachette, du compagnon octogénaire de sa grand-mère.

Un meurtre pour lequel cet homme de 43 ans, atteint d'une psychose schizophrénique à forme "paranoïde", a été jugé irresponsable pénalement. "Ce patient présentait assez peu de difficultés comportementales durant ses séjours à l'hôpital", a assuré Danièle Canarelli, renvoyée devant la justice à la suite d'une plainte du fils de la victime, Michel Trabuc.

"Des fautes multiples et caractérisées"

De son côté, la juge d'instruction Annaïck Le Goff a pointé dans son ordonnance "des fautes multiples et caractérisées" de la psychiatre ayant "contribué au passage à l'acte violent de Joël Gaillard". Il lui est notamment reproché de s'être obstinée "dans ses certificats successifs, à noter l'absence de toute pathologie mentale", "en dépit des conclusions" concordantes de ses confrères.

Ce qui l'a "conduite à ne pas soumettre son malade à un traitement approprié" et à lui accorder fin 2003 une sortie à l'essai de longue durée. Pourtant, a rappelé le président, Joël Gaillard avait commis plusieurs agressions, dont une tentative d'assassinat, et sa famille elle-même avait fait part de son inquiétude.

Soutenue par ses confrères

Et la psychiatre de rétorquer : "je n'ai jamais douté du fait qu'il avait une pathologie psychologique" et "je n'ai jamais contesté sa dangerosité", mais "la pauvreté symptomatologique m'a troublée et m'a posé un problème de diagnostic". Danièle Cornelli défend également la pertinence du traitement prescrit. "L'expression du délire s'estompait rapidement et il s'adaptait très bien à la réalité ambiante", a-t-elle expliqué, évoquant "une étrangeté plutôt qu'une grande violence".

L'ancien chef de service de Danièle Canarelli a pour sa part décrit "quelqu'un de très rigoureux", relevant que "la médecine n'est pas une science exacte". Lundi, l'Académie de médecine a d'ailleurs souligné la difficulté d'évaluer la "dangerosité criminologique" et mis en garde contre "l'utopie du risque zéro".

Les réquisitions sont tombées dans la soirée dans ce procès très suivi par l'ensemble de la profession. Un an de prison avec sursis a été requis à l'encontre la psychiatre.

La décision du tribunal a été mise en délibéré au 18 décembre.