Crash de l'A320 : le mystère des 8 minutes de descente

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Louis Hausalter , modifié à
Pourquoi le vol de la compagnie Germanwings a-t-il entamé une forte descente sans modifier sa trajectoire, avant de s'écraser ?

Dans quelles circonstances l'Airbus A320 de la compagnie Germanwings s'est-il écrasé mardi matin dans une zone montagneuse près de Digne-les-Bains ? Parmi les éléments les plus mystérieux, la descente de l'appareil, qui a perdu environ 10.000 mètres en huit minutes, avant son crash à 1.500 mètres d'altitude dans le massif de l'Estrop. "Cette perte d'altitude rapide de l'avion est pour l'instant inexpliquée", a déclaré mardi le procureur de Marseille, Brice Robin, sur BFMTV.

"Ce n'est pas une chute". "Ce n'est pas du tout une chute, c'est une descente à un rythme normal", analyse Bernard Chabbert, consultant aéronautique d'Europe 1, au micro de Thomas Sotto. "Normalement, lorsqu'il y a une mise en descente comme ça, c'est qu'il y a un problème", précise-t-il, en s'interrogeant : "qu'est-ce qui s'est passé à bord de cet avion qui a provoqué de la part de l'équipage cette très probable mise en descente volontaire ?"

Pas de message radio. Deux faits sont particulièrement troublants. D'abord, le silence de l'avion. "On ne quitte jamais son altitude de vol sans avoir prévenu le centre de contrôle de la navigation aérienne", affirme Bernard Chabbert. Or, aucun contact radio n'a eu lieu à partir du moment où l'appareil a entamé sa descente. "Les contrôleurs aériens ont cherché à le joindre par radio et n'ont pas pu obtenir une réponse", a expliqué le procureur de Marseille.

Autre élément étonnant : l'Airbus a poursuivi une même trajectoire après avoir entamé sa forte descente. "Ce qui est surprenant, c'est qu'on voit que l'avion, qui a très probablement un problème, se met à descendre sur une trajectoire rectiligne", analyse Bernard Chabbert. "S'il y avait eu un problème et si l'équipage avait été conscient, ils auraient fait demi-tour et seraient allés vers la côte".

Crash parcours A320 AFP

© M.Zaba/J. Bonnard/A.Bommenel, jub/abm/fh / AFP

L'hypothèse des piles au lithium. Des éléments qui, pour Bernard Chabbert, semblent indiquer "qu'il n'y avait plus personne de conscient dans le cockpit". Ce qui pousse le spécialiste à avancer une hypothèse :"on a tous des piles au lithium dans nos appareils, nos smartphones", explique-t-il. "Ces piles ont parfois tendance à exploser. Il y a eu depuis une dizaine d'années 170 cas d'explosion de piles au lithium dans un avion de ligne. C'étaient la plupart de temps des piles situées dans des smartphones ou des portables, mais deux 747 cargos se sont également écrasés avec leurs équipages, parce qu'un chargement de piles au lithium à bord a pris feu". Or, ces piles, "en brûlant, dégagent des vapeurs extrêmement toxiques qui peuvent vous tuer en quelques dizaines de seconde".

Une boîte noire retrouvée. Une hypothèse parmi tant d'autres autour d'un crash pour l'instant inexpliqué. Il faudra attendre l'analyse des deux boîtes noires de l'appareil pour obtenir un début d'explication. L'une d'entre elle a été retrouvée dès mardi pour être transmise au Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), chargé des investigations techniques. Il s'agit de l'enregistreur des conversations des pilotes et de tout ce qui se passe dans le cockpit.

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