17 ans après le meurtre, il est écroué

Un gendarme a reconnu avoir tué une étudiante lilloise de 18 ans en 1995.
Un gendarme a reconnu avoir tué une étudiante lilloise de 18 ans en 1995. © GOOGLE STREET VIEW
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Marie-Laure Laure Combes avec Jessica Jouve et Guillaume Biet , modifié à
Un gendarme a reconnu avoir tué une étudiante lilloise de 18 ans en 1995. Il a été mis en examen.

Stéphanie avait été retrouvée morte dans la baignoire de l'appartement qu'elle partageait à Lille avec une amie. Le drame qui remonte au mois de mai 1995 vient tout juste d'être résolu : un homme de 41 ans, aujourd'hui gendarme, a reconnu avoir tué l'étudiante il y a 17 ans. Cet adjudant a été mis en examen et écroué vendredi après-midi pour homicide volontaire.

Les aveux d'un adjudant

Le gendarme, marié et père de deux enfants, a été confondu par son ADN. En garde à vue, il a avoué les faits. Les enquêteurs, qui avaient repris l'enquête depuis le début, ont en fait mené de nouvelles auditions et effectué de nouveaux prélèvements sur les personnes interrogées, dont l'adjudant. Ils ont alors établi une correspondance entre son ADN et un élément génétique retrouvé sur le peignoir de la victime après de nouvelles analyses. A l'époque, seul un poil pubien masculin avait été retrouvé sur le corps de la victime.

C'est la colocataire de Stéphanie qui avait découvert le corps dans la salle de bain, rappelait La Voix du Nordil y a quelques années. A la veille du pont de l'Ascension, Karine était rentrée à l'appartement que les deux étudiantes occupaient près de la gare de Lille. Elle avait d'ailleurs été obligée de forcer la porte, avec deux amis, car la serrure avait été bloquée.

Un corps dans la baignoire

A l'intérieur, Karine ne remarque rien d'anormal. Mais en voulant entrer dans la salle de bain, elle trouve la porte verrouillée de l'intérieur. En regardant à travers la bouche de ventilation, l'étudiante aperçoit un pied. La jeune femme découvre alors sa colocataire gisant dans la baignoire, à moitié dans l'eau. Les enquêteurs pensent alors qu'elle s'est suicidée. Mais son crâne est fracturé et son visage a été ébouillanté.

Les enquêteurs ne reviendront sur place que cinq jours plus tard. Stéphanie a en fait été étranglée. Les analyses montreront que l'étudiante n'a pas été violée, malgré le poil pubien retrouvé sur elle.

Les enquêteurs retracent alors l'emploi du temps de Stéphanie. Deux fois dans la matinée, un inconnu à sonné à la porte de la colocation, vers 7 heures puis 7h45. Lorsque Karine quitte l'appartement, peu après 8 heures, son amie s'apprêtait à prendre un bain. Et lorsque l'une de leurs amies sonne à la porte vers 8h15, elle n'obtient pas de réponse.

Un appel à la télé, sans succès

Les policiers entendent alors l'entourage de la jeune femme. Près de 300 auditions sont menées. Un appel à témoins a même été lancé dans l'émission de Jacques Pradel, Témoin numéro 1. Sans succès. En 2007, un ancien étudiant, de la même fac que Stéphanie, est mis en examen : les enquêteurs ont découvert qu'à l'époque, il a menti sur son alibi. L'homme clame son innocence. Il avait finalement été blanchi trois ans plus tard lorsqu'un nouveau juge d'instruction - le quatrième - avait décidé de réexaminer les scellés.

Le suspect, amoureux de la victime ?

L'homme arrêté vendredi était âgé de 23 ans à l'époque des faits et était militaire dans l'armée de Terre. Il était le fiancé de la soeur de Karine, la colocataire de la victime. Il connaissait donc Stéphanie et avait des vues sur elle.

Le jour du drame, il aurait attendu dans l'escalier que Karine sorte de l'appartement. Puis aurait sonné à la porte. Connaissant le jeune homme, Stéphanie aurait ouvert la porte sans se méfier. Le militaire aurait alors tenté de violer l'étudiante.

Une carrière sans problème

Le soldat était présent au moment de la découverte du corps. Et c'est sa fiancée de l'époque, devenue sa femme, qui lui avait fourni un alibi. L'homme avait passé le concours de gendarmerie l'année suivante. Il a mené depuis une carrière sans accroc, étant toujours bien noté.