"Une catastrophe pour le thon rouge"

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Europe1.fr (avec agences et Brigitte Béjean)
La déception était forte pour les partisans de la suspension des exportations de thon rouge.

Les partisans d'une interdiction du commerce international du thon rouge n'ont pas réussi à imposer leurs vues à Doha, jeudi à la conférence de la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES). Ils soutenaient la proposition de Monaco d’inscrire le thon rouge à l'"Annexe I", synonyme d'interdiction de sa commercialisation internationale. Nombreux se sont donc dit déçus et déplorent la décision prise.

La déception de Bruxelles

Les institutions européennes se sont dites "déçues par la décision de la CITES de rejeter la proposition de l'Union européenne". "Nous regrettons que les autres parties à la convention n'aient pas été convaincues, mais l'UE reste déterminée à préserver le thon rouge et attend de l'ICCAT (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique) qu'elle prenne ses responsabilités", ont déclaré les commissaires à l'Environnement Janez Potocnik et à la Pêche Maria Damanaki dans un communiqué commun.

Même réaction du représentant de Monaco. "Je regrette un débat avorté et de n'avoir pu répondre à certaines contre-vérités énoncées", a indiqué Patrick van Klaveren, chef de la délégation. "La majorité des pays a décidé de faire confiance à l'ICCAT. Ils ont jugé qu'elle avait tous les éléments pour résoudre le problème. Qu'elle le montre!", a-t-il ajouté.

La révolte des associations

"C’est une catastrophe pour la ressource du thon rouge. Il y avait une vraie urgence et cela démontre que l’industrie prédomine", s’est insurgé François Chartier, chargé de la campagne océan à Greenpeace, à Europe1.fr. Pour Carlos Drews, de l'ONG de défense de l'environnement WWF, "c'est la défaite de cette espèce emblématique. D'autant que l'ICCAT n'a pas montré sa performance dans le passé. On lui avait fait confiance en 1992 et aujourd'hui on est au bord de l'effondrement". Pour France nature environnement, cette "disparition annoncée" du thon rouge "ne pourrait en aucun cas être tolérable".

"On espère que l’Europe va tirer des leçons de ces réunions et assumer son rôle au sein de l’ICATT pour qu’il y ait une meilleure gestion des stocks de thon", a réagi Charlotte Nithart, observatrice à la CITES pour l’association Robin des bois. Pour Greenpeace, il faudrait que "la France adopte un moratoire dès 2010".

Le revers de la France

"Soucieuse de l'avenir de cette espèce (...), la France est décidée à proposer à l'Union européenne de continuer ses efforts pour convaincre les Etats parties de la CITES d'agir en faveur de la protection de cette espèce via un classement en annexe II", souligne un communiqué commun des ministres de l'Ecologie et de l'Agriculture et de la Pêche.

La joie des détracteurs

Du côté des détracteurs règne évidemment la satisfaction. C'est le cas du Japon qui importe environ 80% des prises de thon rouge, un mets très apprécié par sa population. Le représentant de l'archipel et également conseiller en chef des pêcheries japonaises et représentant de son pays l'ICCAT, Masanori Miyahara, a indiqué : "Mais nous avons aussi beaucoup de devoirs à faire".

- Faut-il que les discussions continuent sur l'interdiction de la commercialisation du thon rouge ?