Thon rouge : Paris obtient un délai

© MAX PPP
  • Copié
Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Bruxelles a accordé 171 tonnes de plus aux marins-pêcheurs français, mais pas aux senneurs.

Retournement de situation. Près de 48 heures après avoir interdit depuis mercredi minuit la pêche au thon rouge en Méditerranée et dans l'Atlantique Est, Bruxelles a reconnu que la France disposait encore cette année sur son quota de pêche au thon rouge de 171 tonnes. Le ministère de l'Agriculture et de la Pêche a alors assuré que "l'intégralité de ce quota français reste au bénéfice de la pêche côtière et artisanale en Méditerranée, ouverte jusqu'à la fin de l'année".

Nouvelle polémique

La pêche artisanale hérite donc du reste de ce quota, en plus des droits qui lui sont normalement alloués pour cette espèce jugée menacée par les scientifiques et les écologistes. Et les senneurs, dont sept bateaux attendaient encore à Malte une levée de l'interdiction, ne sont pas autorisés à reprendre leur activité. Pour eux, la décision d'arrêter la pêche est "irréversible", a prévenu la Commission européenne.

Mais ce n'est pas du tout du goût des senneurs. C'est "inacceptable car la perte pour nos armements est importante", regrette Bertrand Wendling de la Sathoan, organisation de thoniers-senneurs basée à Sète dans l'Hérault. "Tant mieux pour la pêche artisanale, mais c'est honteux de prendre aux uns pour faire plaisir aux autres", a assuré Serge Perez, thonier à Port-Vendres dans les Pyrénées-Orientales et vice-président du Syndicat des thoniers de Méditerranée.

Autoriser les senneurs à pêcher ce reliquat aurait représenté un risque de dépassement du quota, compte tenu des quantités de poisson qu'ils sont en mesure de prendre en une seule fois, fait valoir la Commission. Les thons rouges peuvent être capturés à la senne, de grandes nasses permettant de les prendre vivants pour les transférer vers des "fermes" et les engraisser en haute mer, ou à la palangre (des lignes d'hameçons) et à la canne notamment.

Les pêcheurs menaçaient d'aller au conflit

Mercredi, six jours avant la fin officielle de la campagne 2010, Bruxelles avait décidé de fermer de manière anticipée la pêche industrielle au thon rouge pratiquée par les thoniers senneurs européens, invoquant l'épuisement des quotas. Les pêcheurs français estimaient, eux, que ces quotas n'avaient pas été atteints et le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire avait demandé à Bruxelles de lui fournir des preuves, réclamant, à défaut, deux jours de pêche supplémentaires pour les senneurs.

"Aucun bateau ne rentrera dans son port avant d'avoir atteint son quota", a assuré Mourad Kahoul, patron du syndicat des thoniers méditerranéens mardi. "Les observateurs (ndlr : des Nations unies) ont constaté que les bateaux n’avaient que 62% de capture. Il faut qu’on respecte les observateurs qui ont été mis par les Nations unies", a-t-il rappelé.

Si les bateaux rentrent une semaine plus tôt, "c’est la faillite, c’est la mort" :

Ces dernières années, les quotas de capture de thon rouge, très prisé à l'exportation sur le marché japonais où il finit souvent en sushi, ont été nettement réduits, sans que les stocks se renouvellent suffisamment aux yeux des scientifiques.

- L'arrêt anticipé de la pêche au thon vous semble-t-il justifié ?