Les Français mangent-ils trop de poissons ?

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avec Brigitte Béjean et agences , modifié à
"La part de poissons étrangers que nous mangeons augmente chaque année", s’inquiètent des ONG.

Les Français aiment-ils trop le poisson ? Avec 34,2 kilos par personne et par an, alors que la moyenne mondiale est de 17,1 kilos, les Français sont en tête des consommateurs de poissons. Ce qui les place pile dans les préconisations des nutritionnistes. Mais des ONG défendant une pêche responsable s'en inquiètent, estimant que les "ressources halieutiques" de l'Union européenne en pâtissent.

Ocean2012 et la New economics foundation, ou Nef, mettent en avant une date symbolique pour marquer les esprits : depuis le 14 juin, la France ne mange plus que du poisson venant des eaux étrangères parce qu'elle a épuisé à cette date ses réserves pêchées dans les eaux de l'Union européenne. A titre de comparaison, en 2000, les ressources halieutiques pêchées dans les eaux de l'Union européenne permettaient d'assouvir les besoins des Français jusqu'à fin juillet.

"Nous jouons avec l'avenir des stocks halieutiques"

"L’épuisement du quota de la France ne signifie pas que les pêcheurs français arrêtent de pêcher à partir d’aujourd’hui", tient à préciser Océan2012 auprès d’Europe1.fr, "mais simplement que ce qu’ils pêchent à partir du 14 juin est symboliquement épuisé", ajoute-t-on, soulignant que "la part de poissons étrangers que nous mangeons augmente donc chaque année". Selon ses calculs, environ 72% de la pêche européenne s'opère sur des stocks qui sont "soit en limite maximale d'exploitation, soit en cours d'effondrement, soit déjà effondrés".

"En consommant plus de poissons que les eaux de l'UE ne peuvent en produire, nous jouons avec l'avenir des stocks halieutiques et des communautés dépendant de la pêche" ailleurs dans le monde, regrette Rupert Crilly, un des auteurs de l'étude. Le problème vient surtout de "la conception surannée de la politique commune de la pêche de l'UE", affirme Stéphan Beaucher, conseiller en politique de pêche pour Ocean2012 et co-auteur de l'étude.

Aussi Ocean2012 réclame, dans le cadre de la réforme de la politique commune de la pêche l'an prochain, une révision des droits d'accès aux ressources, pour sanctionner les pratiques illégales, et de l'accès aux subventions publiques en introduisant une notion d'éco-conditionnalité. L’ONG propose donc de regarder les aspects de dégagements de CO2 et d’établir, avec l'ensemble, une grille d'évaluation qui attribuerait en plus des bonus/malus", aux différents pays de l’Union européenne.

Les poissons importés, une concurrence féroce

Reste que tous les quotas, sur les différentes espèces, ne sont pas encore épuisés. A cette période de l'année, 50% de capacités de pêche sont encore disponibles pour la langoustine de Gascogne par exemple, précise une source au ministère de l'Agriculture et de la Pêche, contactée par Europe 1. Si la France importe en quantité des poissons, c'est aussi parce qu'elle trouve à l'étranger une source d'approvisionnement à moindre coût, surfant sur des normes sociales et environnementales moins strictes. Une donnée à intégrer pour les consommateurs au moment de choisir leur repas chez le poissonnier.