Des patates OGM en Europe

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Bruxelles a autorisé mardi la culture d'une pomme de terre génétiquement modifiée.

Pour la première fois depuis douze ans, la Commission européenne a donné son feu vert à la culture d’une pomme de terre OGM. L’Amflora, une tubercule génétiquement modifiée conçue par la firme BASF, est destinée à l'usage industriel pour son amidon et à l'alimentation animale. Elle attendait depuis plus de treize ans un autorisation.

Bruxelles a aussi accepté la commercialisation en Europe de trois variétés de maïs transgéniques de la firme Monsanto, des dérivés du MON 863. Une décision moins spectaculaire dans la mesure où des produits OGM importés font régulièrement l'objet d'autorisations pour le commerce. De plus, Jose Manuel Barroso avait exposé début février sa volonté de vouloir relancer le processus d’autorisation des deux OGM.

Début de polémique

"C’est un très mauvais signal vis-à-vis de l’opinion publique européenne que la première décision prise par la commission Barroso soit d’autoriser les OGM alors que la majorité des Européens n’en veulent pas", a estimé mardi l’eurodéputée MoDem Corinne Lepage à propos de cette décision. "La culture OGM est soumise au bon vouloir de chaque Etat. Mais pas la consommation", a tenu à rappeler l’ancienne ministre de l’Environnement. "Rien ne pourra empêcher que les maïs soient commercialisés dans tous les pays", a-t-elle expliqué.

"Je suis choqué de voir que le commissaire à la Santé et à la protection des consommateurs, John Dalli, n'a eu besoin que de quelques semaines dans ses nouvelles fonctions pour exprimer un soutien aussi flagrant aux intérêts industriels", a estimé l'un des chefs de file des écologistes du Parlement européen, Martin Häusling. "Il y a de sérieuses inquiétudes au sujet d'un gène" de la pomme de terre Amflora "qui est résistant aux antibiotiques", a-t-il ajouté. Selon eux, ce tubercule contient un gène marqueur de résistance aux antibiotiques, sujet de préoccupation pour l'Organisation mondiale de la santé et dont l'abandon a été exigé par une loi européenne de 2004.

L'organisation des Amis de la terre a également dénoncé le feu vert de Bruxelles. "C'est une mauvaise journée pour les citoyens européens et l'environnement", a-t-elle dit.

BASF tente de calmer le jeu

L'Allemagne, la France, la Grèce, l'Autriche, la Hongrie et le Luxembourg ont suspendu la culture du maïs OGM Monsanto 810 conçu pour résister à un papillon nuisible. L'Italie, où aucun OGM n'est cultivé, a immédiatement protesté. "Nous évaluerons la possibilité de promouvoir un front commun de tous les pays qui voudront s'unir à nous pour défendre la santé des citoyens et les agricultures identitaires européennes", a prévenu le ministre italien de l'Agriculture Luca Zaia.

Face à ce début de polémique, BASF a tenu à préciser que l'Amflora "est destinée aux pays qui sont d'ores et déjà prêts à l'utiliser", à savoir la Suède, les Pays-Bas, la République Tchèque et l'Allemagne. "BASF n'a pas prévu, à ce jour, de la proposer aux industriels français et souhaite tenir compte des particularités et des demandes de chaque pays", a ajouté le groupe.

Le ministère de l'Agriculture veut une expertise

Le ministère de l'Agriculture a annoncé mardi soir la saisine le Haut Conseil de Biotechnologies, organisme chargé notamment "d'éclairer le gouvernement sur toutes questions intéressant les organismes génétiquement modifiés ou toute autre biotechnologie".

"Compte tenu de cette décision, le gouvernement français décide de saisir le HCB notamment sur la présence, dans cette pomme de terre, d'un gène marqueur de résistance à un antibiotique", ont écrit dans un communiqué les ministre de l'Ecologie et de l'Agriculture, Jean-Louis Borloo et Bruno Le Maire.