SNCM : quel que soit le repreneur, l’emploi en pâtira

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avec AFP
La compagnie maritime intéresse trois repreneurs mais tous envisagent de réduire les effectifs de moitié.

Après des mois d’incertitude, la Société nationale maritime Corse Méditerranée (SNCM) en sait un peu plus sur son avenir, et il est sombre. Trois repreneurs potentiels ont en effet présenté mercredi aux syndicats leurs offres, avec un point commun : une enveloppe financière plutôt limitée et une réduction drastique des effectifs.

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Trois repreneurs se sont positionnés. Depuis une dizaine d’année, la SNCM va mal et accumule les bévues : déficits chroniques, endettement grandissant, pertes de parts de marché au profit du concurrent Corsica Ferries, conflits sociaux à répétition, subventions publiques jugées illégalles par l’UE, etc. Autant de raisons qui ont conduit ses principaux actionnaires, le tandem Transdev/Veolia (66%) et l'Etat (25%), à lâcher prise. Placée en redressement judiciaire fin 2014, la SNCM se cherche un repreneur.

Trois candidats sont sur les rangs : l'ex-directeur du port de Marseille Christian Garin, l'entrepreneur corse Patrick Rocca et le groupe Baja Ferries de Daniel Berrebi. Tous ont présenté mercredi leurs intentions aux syndicats de l’entreprise, des feuilles de route pas très rassurantes.

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Faibles moyens financiers et réduction drastique des effectifs. Les trois offres de reprises ont en effet en commun de reposer "sur une surface financière faible", a déclaré Pierre Maupoint de Vandeul (CFE-CGC) à l'issue de la réunion. En clair, les investissements sont très limités, ce qui n’est pas vraiment une bonne nouvelle pour une compagnie qui a besoin de renouveler sa flotte pour réduire ses coûts.

Du côté de l’emploi, ce n’est pas mieux : les "projets ne reprennent que la moitié des postes, avec le licenciement de 700 à 800 personnes", a prévenu le délégué CFE-CGC. Quant au périmètre futur de l’entreprise, le groupe Baja Ferries n’a pas caché qu’il souhaitait fermer les bases de Nice et Toulon.

Un dernier point reste à régler, et pas des moindres : les subventions que la compagnie a reçu de l’Etat et que l’Union européenne juge illégales. Si la SNCM est contrainte de rembourser 400 millions d'euros d'aides publiques, elle s’en relèvera très difficilement. Sans oublier les subventions publiques perçues au titre de la délégation de service public et dont la SNCM pourrait difficilement se passer. Ces deux sujets doivent être abordés à Bruxelles le 3 mars.

Un point en mars et l’espoir d’une offre améliorée. La reprise de la SNCM s’annonce donc compliquée, d’autant que le temps presse : le tribunal de commerce de Marseille estime que l’entreprise a de quoi tenir jusqu’à la fin avril. Ce qui fait dire à Maurice Perrin, de la CFE-CGC, qu’il existe un "risque que le tribunal de commerce se retrouve devant une impasse dans un temps très court". La direction de la SNCM veut néanmoins rester optimiste et assure que "des échanges ouverts ont eu lieu pour chercher à améliorer les offres". Le tribunal de commerce de Marseille a convié tous les acteurs du dossier le 18 mars prochain pour faire un point.