Les spectacles vivants bientôt privés de bénévoles ?

Un spectacle du Puy du Fou, en Vendée.
Un spectacle du Puy du Fou, en Vendée. © MAXPPP
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et Martial You , modifié à
INFO E1 - Un projet de loi veut obliger les spectacles vivants à payer leurs bénévoles. Le Puy-du-Fou proteste déjà.

L’info. Les ministres de la Culture et du Travail doivent, selon les informations d'Europe 1, présenter dans les prochains jours en conseil des ministres un projet de loi qui obligerait tous les spectacles vivants à payer leurs bénévoles. Ce qui, avancent déjà les détracteurs du texte, reviendrait à tuer les Bagad, fanfares et autres spectacles de sons et lumières. En première ligne, le célèbre Puy-du-Fou.

Ce projet de loi qui les inquiète. Le texte en question, baptisé "avant projet de loi sur la création artistique", considère que les bénévoles participant à des spectacles vivants payants doivent être rémunérés puisqu'ils sont soumis au droit du travail. Autrement dit, le musicien amateur du Bagad de Paimpol ou le cavalier bénévole du Puy du Fou sont considérés aujourd'hui comme des "travailleurs dissimulés".

Dans le détail, la majorité des spectacles vivants seraient épargnés puisque le projet de loi cible les spectacles organisés dans un cadre lucratif, n’ayant pas de vocation pédagogique et dont le nombre de représentations dépasse la trentaine par an. Mais les grands spectacles permanents sont, eux, clairement dans le viseur de ce texte. En voici un extrait :

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© EUROPE1

Une escale au Puy du Fou

"Le Puy-du-Fou est en danger de mort". Parmi les premiers concernés par ce projet de loi, le parc de loisirs vendéen du Puy du Fou est déjà à la manœuvre pour dissuader le gouvernement. Il emploie en effet 3.400 bénévoles dans son spectacle et, s'il doit les rémunérer, son président, Nicolas de Villiers, pronostique une fermeture pure et simple.

"Si vous demandez à un bénévole au Puy-du-Fou s’il souhaite être salarié, il vous répondra : ‘si demain je suis salarié, j’arrête’. Et donc si demain cette loi passe, nous ferons sans doute le choix d’arrêter l’aventure. Cela veut dire à peu près 5.000 emplois en moins, induits par le Puy-du-Fou, qui s’arrêteront demain matin. Par conséquent, oui le Puy-du-Fou est en danger de mort", a-t-il prévenu au micro d’Europe 1.

Philippe de Villiers a également adressé un courrier au président de la République, dans lequel il redoute de voir placer "le Puy-du-Fou sous tutelle", s’inquiète d’un potentiel "contrôle idéologique" et estime que "le ministère de la Culture entend nous faire entrer dans un nouveau monde celui du bénévolat sous bracelet électronique".

L’autre risque : un report vers le régime des intermittents. Une délégation représentant les spectacles vivants doit être reçue jeudi au Ministère de la Culture. Avec un argument supplémentaire : si les bénévoles deviennent des salariés saisonniers, ils pourraient faire exploser le nombre d'intermittents du spectacle. Un régime dont le déficit s'élève déjà à 1 milliard d'euros selon la Cour des Comptes.

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