Des chômeuses accusent Leclerc d'"escroquerie"

Les plaignantes, onze femmes âgées de 18 à 47 ans et chômeuses de longue durée, ont participé avec 80 autres personnes à une "préparation opérationnelle à l'embauche" (POE) entre décembre 2013 et février 2014, lors de l'aménagement d'un supermarché Leclerc à Fleury-Mérogis (Essonne).
Les plaignantes, onze femmes âgées de 18 à 47 ans et chômeuses de longue durée, ont participé avec 80 autres personnes à une "préparation opérationnelle à l'embauche" (POE) entre décembre 2013 et février 2014, lors de l'aménagement d'un supermarché Leclerc à Fleury-Mérogis (Essonne). © REUTERS
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avec Elisabeth Assayag et AFP , modifié à
POLÉMIQUE - Onze chômeuses ont porté plainte pour "escroquerie" et "travail dissimulé" contre l'enseigne, qui s'indigne.

Leclerc a-t-il menti à des demandeurs d'emploi ? Onze chômeuses de longue durée ont porté plainte pour "escroquerie" et "travail dissimulé", après avoir participé à une formation dans une enseigne Leclerc. Les avocats en charge de l'affaire ont confirmé l'information jeudi, après des révélations du Monde.

Le ménage au lieu de la caisse, et pas de CDI. L'affaire prend son origine dans le supermarché Leclerc, à Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, l'année dernière. Les plaignantes, onze femmes âgées de 18 à 47 ans, ont participé avec 80 autres personnes à une "préparation opérationnelle à l'embauche" (POE) entre décembre 2013 et février 2014, lors de l'aménagement du magasin.

Les plaignantes étaient toutes chômeuses de longue durée, comme Laura, qui misait beaucoup sur cette formation. Et pour cause : il y avait selon elle un CDI de caissière à la clé. Mais à l'en croire, ce n'est pas en tant que caissière qu'elle fut formée. "On a dû faire le ménage, les étiquettes, les rangements... Puis ils nous ont tous viré un par un", raconte-t-elle au micro d'Europe 1. Et d'enchaîner : "ils nous ont dit, 'votre visage ne passe pas auprès des clients, on n'a pas recruté des top modèles'..."

Des "violences psychologiques". Leur avocat compte attaquer Leclerc pour de fausses offres d'emploi et pour travail dissimulé. Il veut prouver que ces formations, subventionnées par Pôle Emploi, ont uniquement permis à Leclerc d'avoir de la main d’œuvre gratuite. "L'employeur a clairement laissé penser que l'offre de formation pouvait déboucher sur un CDI", selon Me Arneton. Une promesse qui relève de "l'escroquerie" selon lui, "sachant que l'établissement était loin de pouvoir garantir un poste aux 91 personnes engagées dans cette prétendue formation". Les avocats dénoncent en outre des conditions de travail "dégradantes" et des violences psychologiques -insultes, commentaires sur le physique des personnes - survenues durant la formation.

Leclerc dénonce un "dénigrement". Toutefois, selon l'entourage de Michel-Edouard Leclerc, le patron de l'enseigne, tout est légal et transparent. Il y a simplement des périodes d'essai. Et si ça ne marche pas, le contrat n'est pas prolongé. D'ailleurs, avance le groupe, dans le magasin en question, sur 25 chômeurs recrutés, la moitié ont été embauchés à l'issue de la formation.

Sur son blog, Michel-Edouard Leclerc, PDG de l'enseigne éponyme, a accusé Le Monde de "dénigrement". Selon lui, les POE sont utilisées dans "des dizaines d'enseignes en France" et dans "tous les secteurs". "S'il y a eu des abus, personne ne cautionnera et la justice sanctionnera", a-t-il ajouté. Il précise que "les entreprises sous enseigne E.Leclerc sont gérées par des patrons indépendants, responsables notamment de leur politique sociale".