Ce que pensent les patrons des mesures sur l'apprentissage

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Anne-Laure Jumet avec
L’État devrait prendre en charge le salaire des futurs apprentis dans les très petites entreprises.

François Hollande se déplacera jeudi à Brest pour promouvoir l'apprentissage. Le chef de l’État avait indiqué il y a une dizaine de jours sur Canal+, lors de l'émission le "Supplément", que les petites entreprises embauchant des "apprentis mineurs" ne paieraient plus aucune charge sur ces emplois. Cette mesure, destinée à relancer un dispositif en chute libre depuis plusieurs années, était restée très floue. Le président de la République devrait en détailler les contours lors de son déplacement en Bretagne. Mais que pensent les patrons de cette énième annonce censée relancer l'apprentissage ?

3.500 euros d'économies par an. Près de 70.000 jeunes pourraient être concernés par la mesure selon les chiffres du gouvernement. Mais seules les entreprises de moins de 11 salariés, les TPE (très petites entreprises), pourraient prétendre bénéficier de ce dispositif. Concrètement, ces sociétés ne paieraient plus rien pour embaucher un apprenti de moins de 18 ans dès la rentrée prochaine, puisque l’État prendrait en charge le salaire versé par l'employeur jusqu'à la majorité de son apprenti. L'entreprise économiserait ainsi 3.500 euros par an.

"Si on peut être aidé par l’État". Le gouvernement espère ainsi convaincre les patrons réticents à embaucher des apprentis. Gontran Julien, qui possède plusieurs boulangeries à Paris et en région parisienne, n'embauche plus d'apprentis depuis six ans. La raison : un coût trop élevé pour ses finances. Mais avec ce nouveau dispositif, il pourrait bien se laisser tenter. "Si on peut être aidé par l’État, pourquoi ne pas aider ces jeunes qui veulent s'en sortir. C'est l'avenir de notre profession, de futurs patrons. Si les chefs d'entreprise trouvent une personne très bien, je suis persuadé qu'ils seront très content d'avoir des personnes à qui montrer le métier", assure-t-il au micro d'Europe 1.  

Avancer les sommes, un réel frein pour les patrons. Le coût de la mesure pour l’État devrait s'élever à 300 millions d'euros par an. Mais les modalités précises du dispositif pourraient poser problème aux patrons. En effet, le gouvernement penche pour un remboursement a posteriori des salaires des apprentis. L'employeur avancerait donc les sommes et ne serait remboursé qu'à la fin de chaque trimestre. Si ce schéma est retenu, les patrons de TPE pourraient bien réfléchir avant de se lancer. Plusieurs d'entre eux nous ont d'ailleurs confié leur réticence à devoir avancer les frais, alors qu'ils connaissent déjà des problèmes de trésorerie. Pour le gouvernement, l'enjeu est de taille : 65 % des apprentis trouvent en effet un poste 7 mois après la fin de leur formation, le plus souvent en CDI.

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