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Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.

Hier soir, Emmanuel Macron est revenu sur le raid mené dans la nuit de samedi en Syrie, "un raid de représailles légitimes".

C’est beau une campagne militaire qui est terminée, à peine commencée. Et même terminée avant d’avoir commencée, puisqu’on l’a appris, c’était déjà fini. On se réveille et hop, la bataille a eu lieu. On l’a gagnée. Tout un peuple vainqueur peut retourner faire la grasse matinée. Il l’a bien méritée. La vie internationale, ce n’est plus le chaos à la porte et les barbares qu’il faut sans cesse repousser, c’est un glorieux week-end de printemps même quand la météo est maussade. 

D’ailleurs, je suis sûr que vous avez vu cette image fournie par l’ECPA, le cinéma des armées. La frégate qui tire des missiles de nuit, c’est un feu d’artifice, mieux que le 14 juillet. Et ils ont filmé en gros plan, la main de l’artificier tournant la clef qui déclenche le tir. Il portait un gant, en coton blanc. La guerre zéro mort, la guerre en gants blancs, ça existe bel et bien, on l’a faite à Bachar el-Assad !

Ce n’était pas une guerre, le Président a insisté hier soir

C’est vrai : à la guerre, comme en amour, il faut une déclaration ! Après seulement, on passe au corps à corps. En Syrie, on n’a pas envoyé l’ambassadeur déclarer la guerre au tyran et pour cause : cela fait six ans  que l’Excellence est rentrée à Paris, parce que Paris pensait "à quoi bon palabrer, cet has-been va être balayé". La guerre moderne ressemble ainsi à un viol, elle se passe de déclaration.

Et pourtant, Dieu qu’elle est bavarde !

Dimanche soir, la grande interview du Président a couronné un week-end de tweets, de discours ministériels derrière le pupitre, de points techniques d’Etat-major, d’interventions en studio et plateaux : la mobilisation générale, c’est celle des communicants. Il faut inventer une croix de guerre sémantique.

Idem chez nos alliés anglo-saxons, la propagande en stéréo, il y a même eu une déclaration officielle de l’Elysée traduite en arabe, au cas où. Et tous, on dit la même chose. En gros, Assad l’a bien cherché. En plus gros encore, ça passe mieux : il est une menace pour notre sécurité nationale. En sourdine, on ajoute, maintenant s’il vous plait, revenons à l’ONU. Evidemment, c’est une blague.

Pourquoi ?

Sur le plan militaire, les bombardements de samedi ne changent rien, un épisode sans lendemain. Russes et Iraniens restent sur le champ de bataille. Sur le plan diplomatique, l’Onu finit le week-end un peu plus affaibli. Hier soir, Emmanuel Macron était au Palais de Chaillot. Cela tombe bien : le bâtiment a jadis été le siège de l’Onu, puis de l’Otan. On a admiré le Président dans le grand escalier. Il l’a bien descendu. Mais avec cette entrée en scène, on a vu tout de suite que le Palais était désormais un théâtre, ni plus, ni moins.