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Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.

La Chine, la Russie, les Européens protestent contre la décision de Donald Trump de dénoncer l’accord nucléaire avec l’Iran

Emmanuel Macron avait mis en garde Donald Trump de ne pas ouvrir la boite de Pandore. Vous connaissez le mythe, Pandore libère toutes les calamités qui accablent le genre humain, le temps de remettre le couvercle, il ne reste que l’espoir au fond de la boite.
Ce matin, il reste l’espoir. Il en faut pour envisager que les Européens parviennent à convaincre les Iraniens de rester dans l’accord déjà croire qu’Angela Merkel et Teresa May vont tenir tête à Washington. Cela exige autant d’optimisme que d’imaginer Les Herbiers flanquant la raclée au PSG. Il y a des miracles au foot. Il n’y a que des mirages en politique étrangère. Imaginer avec Emmanuel Macron que les Iraniens renoncent au nucléaire et qu’ils sacrifient en plus leurs missiles balistiques et leurs alliés régionaux, c’est penser comme on rêve. Ce n’est plus de l’espoir, c’est du déni.

Le pire n’est jamais garanti.

Le pire est plein d’imagination. La boite de Pandore a été ouverte au Moyen-Orient depuis longtemps, accablant les peuples de guerres à répétition, de tyrans abominables, de persécutions, d’exils. Il est facile de critiquer Donald Trump : hier soir, il a donné la pleine mesure de son talent d’acteur, l’air méchant, le ton rogue, les superlatifs débités le doigt dressé, et sa propre signature, trois syllabes qui occupent toute la page et qu’il brandit devant les caméras comme un défi.

Il n’a pas confiance, il dit que les Iraniens ont trahi l’accord, qu’il faut les contenir.
Mais cela fait bientôt 40 ans que les locataires de la Maison-Blanche n’ont pas confiance et veulent contenir la République islamique. Aujourd’hui, ils se plaignent que les Mollahs se soient ouverts une autoroute chiite du Golfe jusqu’à la Méditerranée. Cette autoroute, les Iraniens l’ont pavée ! C’est Jimmy Carter sacrifiant le shah, au nom des droits de l’homme. C’est Ronald Reagan, abandonnant le Liban comme on tire l’échelle et laissant le Hezbollah s’y implanter. C’est George Bush père renvoyant l’Irak mille ans en arrière, comme Khomeiny en avait rêvé. C’est George Bush fils qui règle son compte à Saddam Hussein au nom de la lutte contre des armes de destruction massive imaginaires et abandonne l’Irak aux chiites. C’est Bill Clinton aveugle à la course à l’atome dans laquelle Téhéran s’est lancé. C’est Obama qui n’aura cessé de se défausser, notamment en Syrie. On juge une politique à ses résultats. Les Iraniens en ont une.

Et Donald Trump ?

Pour l’instant, il fait la politique de ses alliés, Saoudiens et Israéliens. Hier soir, il semblait ivre de lui-même et passablement inquiétant. Mais il garde l’esprit clair quand il fait les comptes. Selon lui, "les Etats Unis ont stupidement dépensé 7.000 milliards de dollars au Moyen Orient". Sept mille milliards, trois fois le PIB de la France, l’équivalent de 500 plans Marshall. La fuite en avant ne date pas d’hier.