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Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.

La crise politique en Italie. Les capitales européennes félicitent le Président italien d’avoir nommé premier ministre un ancien du FMI qui incarne l’austérité budgétaire. Mais elles le font avec prudence.
Le soulagement est discret, comme un soupir. Les Allemands évitent de plastronner. Ils ont raison. Les vacances approchent, ils ne veulent pas être accueillis dans leurs résidences secondaires du sud de l’Europe comme des colons revenant au bled.
Ce qui vient de se passer n’est pas la chute d’un gouvernement, comme il y en a en moyenne chaque année en Italie depuis que la monarchie elle-même a été abolie. C’est une crise de régime. Et c’est une crise d’Europe. Parce qu’elle aura des conséquences lourdes sur la zone euro et parce qu’elle illustre une crise de la démocratie qui dépasse l’Italie.
On peut même dire : jamais deux sans trois.
C’est-à-dire ?
C’est la troisième fois en deux ans qu’un grand pays européen fait un bras d’honneur aux partis en place, à la Commission, au système, à la caste, appelez cela comme vous voudrez et qu’une fois l’émotion retombée, il ne se passe rien…
L’été dernier, la droite et la gauche en Allemagne ont obtenu leurs pires résultats depuis la guerre. Un tabou a sauté avec l’élection d’une centaine de députés d’extrême-droite. Une vraie jacquerie électorale ! Mais après des mois de marchandages, la grande coalition s’est reconstituée, SPD, CDU CSU régentent de nouveau les ministères, Angela Merkel règne sur la chancellerie. Circulez, il n’y a rien à voir !
L’autre précédent, c’est la Grande-Bretagne.
Il y a deux ans, le vote pour le Brexit comme une gifle au continent et à la majorité de la classe politique. Depuis, Térésa May godille, le royaume fait du surplace, personne n’est sûr de rien. Ainsi, le Télégraphe révélait dimanche que le gouvernement a secrètement provisionné de quoi mener la campagne pour les élections européennes de mai 2019, alors que la séparation de corps doit avoir lieu avant, en mars 2019. Et Bruxelles s’emploie à démontrer qu’un divorce est hors de prix et qu’en plus, il ne laisse aucune liberté. Vous pouvez claquer la porte, vous n’irez pas loin.
Les Catalans pourraient dire la même chose !
Verdad ! Mais la crise est d’abord espagnole. Le gouvernement a été désavoué à la Noel 2015. Qu’importe, Mariano Rajoy expédie les affaires courantes. Le peuple revote et rebelote : pas de majorité. Qu’importe, Mariano Rajoy insubmersible reste à la barre. Évidemment, la mutinerie menace et c’est en Catalogne qu’elle éclate…
En Italie, six électeurs sur dix approuvaient la coalition entre la Ligue et le Mouvement cinq étoiles. On ne voit pas pourquoi ils se déjugeraient après l’été. Les Italiens voulaient en finir avec les gouvernements techniques et provisoires et leur Président impose comme Premier ministre un pur apparatchik du FMI avec un CDD de trois mois.
Au bout de cent jours, il y a parfois Waterloo.
Matarella apparaitra alors comme un somnambule qui éteint l’incendie avec un jerrycan d’essence.