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SAISON 2016 - 2017

Tous les samedis dans l'émission Médiapolis, Claire Hazan revient sur l'actualité et la politique par le prisme des réseaux sociaux.

Nous avons deux élections sous les yeux : la présidentielle américaine qui vient de s’achever, et la présidentielle française qui s’ouvre demain avec la primaire à droite. L’occasion pour vous, Claire, d’observer de près notre rapport aux réseaux sociaux en période électorale… et d’établir un premier diagnostic.

Oui et j‘ai le regret de vous annoncer que nous sommes face à un cas avancé de schizophrénie. 

Notre rapport aux réseaux sociaux relève d’une ambivalence incurable.

D’un côté on les accuse des pires maux- ils auraient fait élire Donald Trump !- et de l’autre on place en eux nos espoirs les plus fous -ils pourraient, mieux qu’un sondage, prédire l’issue d’un scrutin.

Comment expliquer ça docteur?

Mon premier patient, les Etats-Unis, est clairement dans une situation de choc post-traumatique, lié à l’élection de Trump. Il cherche des explications, des coupables. Et les coupables du moment ce sont les medias traditionnels, les sondages mais aussi les réseaux sociaux.

On leur reproche d’avoir favorisé la diffusion de fausses informations, le plus souvent favorables à Trump.

Donald Trump, lui, confirme que les réseaux sociaux l’ont aidé à gagner cette élection. Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook rétorque que, non, « c’est pas sa faute ». Et Barack Obama arbitre le match depuis Berlin, en déclarant que ces fausses informations rendues virales menacent la démocratie.

En France donc, à la veille de la primaire de la droite, on a tiré quelques enseignement et on se méfie des réseaux sociaux ?

Oui… mais pas tant que ça, puisque mon second patient, « le patient français » est dans une situation bien différente. Dans l’avant- élection, pas encore dans l’après. Et cette primaire de la droite demain, c’est sa chance de faire preuve d’un peu plus de flair que pour le Brexit ou la victoire de Trump. Et pour ça, il cherche d’autres outils prédictifs que les sondages, qui l’ont planté.

Et donc bim, revoilà les réseaux sociaux. Avec leur masse quotidienne de données, de conversations, de mots-clés… que les spécialistes filtrent, analysent, triturent espérant en tirer l’essence de l’opinion publique.

Côté médias et candidats, on est tenté de s’y accrocher comme à un nouvel outil miracle. Prenez le cas François Fillon. Lui qui a critiqué les sondages à longueur d’interview, peut difficilement les citer maintenant qu’ils lui sont favorables. Donc que fait-il ? Il en appelle à ces nouveaux critères :

« Moi ma conviction depuis le début c’est que je serai au 2nd tour parce que je le sens par rapport à des capteurs de terrain. Par exemple dans la fréquentation des meetings. Et il y a les réseaux sociaux, le niveau d’intérêt sur les réseaux sociaux…. »

Et c’est vrai sur les réseaux sociaux cette semaine, François Fillon coiffe Alain Juppé au poteau, il a désormais plus de fans que lui sur Facebook. Sur Twitter il grignote du terrain sur Nicolas Sarkozy, en gagnant jeudi pendant le débat 500 nouveaux abonnés par minute contre 100 pour son rival.

Pour lui, c’est donc bon signe ?

En tous cas c’est UN signe. Le signe qu’on est dans une situation inédite (la première primaire à droite), complexe (plus rien n’est sûr). Et que dans ces temps trouble, on se rassure en scrutant le moindre indice.