La situation au Yémen et l'arrêt de la production du Samsung Galaxy Note : les experts d'Europe 1 vous informent

4:01
  • Copié
SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

 

Axel de Tarlé, expert économie

Samsung suspend la production de son nouveau SmartPhone vedette "Galaxy Note 7".

Le Géant Coréen, N°1 mondial des téléphones portables, demande même, ce matin, de ne plus l'utiliser et de l’éteindre car l'appareil prend feu tout seul.

C'est un terrible accident industriel pour Samsung ?

Imaginez, en pleine nuit, vous dormez, et vous êtes réveillés par une fumée épouvantable. C'est votre téléphone portable qui prend feu, sur votre table de nuit.
Donc, Stop, on arrête tout. Samsung demande même ce matin de ne plus l'utiliser.

Comment en est-on arrivé là ?

Samsung, c'est l'histoire du Challenger qui veut devenir leader.
Samsung est certes N°1 en volume mais, en valeur, la vedette, c'est Apple avec son iPhone.
Et justement, Samsung a voulu damner le pion à Apple avec son Galaxy Note 7, vendu plus de 800 euros/pièce et sorti juste avant l'Apple en septembre.
Sauf que l'appareil n'était pas au point. Mais, Samsung est un groupe coréen, avec une direction verticale, autoritaire ou c'est le grand patron qui décide d'où l'accident.

C'est grave pour Samsung ?

Pas tant que ça, d'ailleurs, l'action se tient plutôt bien.
Parce qu'il faut être honnête, c'est malheureusement, un grand classique, la batterie qui chauffe et qui prend feu. Nokia a connu la même chose, Sony également. Et même les fabricants de voitures électriques car, ces batteries lithium Ion, chauffent énormément et parfois, ça s'enflamme.

Samsung a réussi à identifier le problème ?

Justement non. Samsung croyait l'avoir identifié. Mais, même avec les nouveaux appareils de remplacement, il y a toujours des problèmes.
Apparemment, ce serait les batteries fabriquées en interne, dans l'une de ses filiales qui seraient en cause.

En tous les cas, cette affaire illustre l'importance stratégique des batteries, non seulement pour les mobiles, mais aussi pour la voiture électrique.
Et à cet égard, on ne peut que se désoler de constater que les Européens sont dramatiquement absents, puisqu'à de rares exceptions près (Bolloré ou Saft), tous les fabricants de batteries sont asiatiques.

 

Sophie Larmoyer, experte international

On en parle peu, de cette sale guerre menée par l’Arabie Saoudite au Yémen mais elle a connu un épisode sanglant ce week-end.

Oui samedi, un bombardement sur la capitale, Sanaa, a provoqué un carnage avec plus de 140 morts et 525 blessés, selon l’Onu. L’attaque, dirigée par l’Arabie Saoudite, a visé une réception où avait lieu une grande cérémonie funéraire. C’est l’une des plus meurtrières depuis le début de l’intervention saoudienne au Yémen, il y a 18 mois.

Pourquoi cette guerre ?

Au départ c’est un problème interne au Yémen. Vous vous souvenez des printemps arabes en 2011 ? Au Yémen, ça se passe plutôt dans le calme, avec le départ négocié du Président Ali Abdallah Saleh, qui était au pouvoir depuis 32 ans.

Mais un mouvement rebelle, les Houthis, qui ont de vieilles revendications identitaires, politiques et économiques, conteste le projet du nouveau Yémen. Ils le font par les armes et gagnent beaucoup de terrain dans le pays, jusqu’à prendre la capitale. Au départ, c’est donc pour rétablir l’autorité du président officiel, Abd Rabo Mansour HADI, que l’Arabie Saoudite intervient militairement.

Vue l’ampleur qu’a atteint cette guerre (plus de 10.000 morts en un an et demi), ça n’est pas juste un coup de main désintéressé entre voisins ?

Eh non. On se retrouve dans l’affrontement classique, chiites contre sunnites, qui prend évidemment une dimension régionale. Les Houthis, miliciens chiites foncièrement anti-américains et anti-saoudiens,  sont aidés par les Iraniens. Quant aux Saoudiens, ils sont à la tête d’une coalition d’une dizaine de pays arabes sunnites et ils sont assistés par les États-Unis.

Il y a eu des discussions de paix, menées par l’Onu.

Oui mais jusqu’ici toutes les tentatives ont échoué. Et le bombardement de ce week-end va encore compliquer les choses parce qu’il a tué un certain nombre d’hommes politiques et d’officiers qui travaillaient pour la paix, et qui étaient réunis pour les obsèques du père d’un des ministres rebelles.

Et les premières victimes, comme toujours, sont les civils.

Oui, plus de la moitié des personnes tuées sont des civils.

 

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Le Vrai-Faux de l’Info avec François Fillon, qui a fait les comptes.

L’ancien Premier ministre, candidat à la primaire de la droite et du centre, juge vital de trancher dans les effectifs de la fonction publique. Il veut supprimer 500.000 postes de fonctionnaires sur cinq ans au motif que:

François Fillon : "Est-ce que la France peut continuer à emprunter tous les jours sur les marchés internationaux pour payer les salaires des fonctionnaires ?"

La France emprunte tous les jours sur les marchés pour payer ses fonctionnaires, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est vrai même s’il reste difficile de chiffrer exactement quelle part des salaires est payée par la dette. C’est un fait, l’État n’a pas les moyens de rémunérer tous ses fonctionnaires, les 2,5 millions d’agent de la Fonction publique d’État, simplement parce que ses dépenses dépassent ses recettes de 70 milliards. Or, les dépenses de personnel représentent 40% de son budget général, c’est neuf fois le montant qu’il consacre aux investissements. Les seuls en théorie qui devraient être financés par l’emprunt.

Bilan, c’est vrai, tous les 15 jours environ, l’agence France trésor emprunte sur les marchés près de 200 milliards d’euros. Une part pour combler ce déficit, pour financer l’État et le reste, 125 milliards tout de même, pour rembourser d’autres emprunts qui arrivent à échéance. Le paiement des intérêts de la dette lui coûte chaque année plus de 40 milliards à la France.

Mais la situation n’est pas nouvelle, cela fait des années que l’État français vit à crédit.

C’est vrai. Exactement depuis 1973, la dernière année de bénéfice pour les comptes de l’État. Depuis, le dérapage s’est accéléré et François Fillon a été le premier à s’en affoler, en 2007 déjà, quand il est arrivé à Matignon. Sa description d’un État en faillite a provoqué un tollé à l’époque, lui aussi a dû emprunter pour payer les salaires et la dette s’est creusée de 800 milliards de plus.

Mais puisque les banques prêtent, c’est que la France est solvable.

Sans doute, c’est d’ailleurs le pays le plus sûr au monde historiquement. La seule fois où la France n’a pas remboursé une échéance, c’était en 1798. Et en ce moment, on ne peut pas dire qu’elle soit incitée à faire des efforts car les taux sont si bas qu’elle emprunte, à court terme, à des taux négatifs. Donc si la dette augmente, cela se ressent moins mais cela reste néanmoins dangereux, prévient la cour des comptes. Car si les taux remontaient ne serait-ce que de 1%, la charge de la dette exploserait et la question n’est pas de savoir si cela arrivera, mais quand.