La France félicitée par le BIT pour avoir conservé une classe moyenne et les relations de Trump avec la Chine : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

 

Axel de Tarlé, expert économie

Ce n'est pas tous les jours que la France est citée en exemple sur le plan économique !
Le Bureau International du Travail note qu'en France, les "classes moyennes" ne disparaissent pas, contrairement à ce que l'on observe chez nos voisins.

En France, la classe moyenne représente 33% contre 28% en Allemagne ou 26% en Grande-Bretagne.

Un mot de définition, c'est quoi la classe moyenne ?

Le Bureau International du Travail, qui est basé à Genève, retient trois critères :
Ce sont tout d’abord des métiers intermédiaires comme artisans, cadre intermédiaires, contremaîtres ou indépendants.
Ensuite, en matière de salaire, il faut être 20% au-dessus ou en dessous du salaire médian, qui en France est de 1.780 euros par personne. Souvent, il y a deux salaires dans un foyer.
C'est tout bête, il faut soi-même, se définir comme appartenant à la classe moyenne. Le fameux ressenti.

Si vous mélanger, ces trois critères, vous avez 33 % de la population française. "Un chiffre d'une remarquable stabilité, depuis le début des années 80, affirme le BIT ce qui est d'autant plus méritant que la France est confrontée depuis des années à un chômage de masse". Ce qui aurait dû laminer la classe moyenne.

La France touche là les dividendes de son système social coûteux mais qui protège les bas salaires et lutte ainsi contre ce sentiment de déclassement.
Alors, que chez nos voisins, explique le BIT, les classe moyennes ont été davantage touchées par les politiques de réduction de coût, dans le privé comme dans le public, avec des syndicats affaiblis et donc moins prompt à défendre les salariés.

 

Sophie Larmoyer, experte international

Twitter fait des dégâts diplomatiques entre la Chine et le nouveau président élu, Donald Trump. En trois jours, trois sujets de fâcherie, c’est fort !

Ça commence par un coup de fil, vendredi, avec la présidente de Taïwan, Tsaï Ing-wen. Elle a été élue en mai, lui en novembre, ils se félicitent mutuellement et notent les liens étroits entre leurs deux pays.

Terrain O combien miné ! Washington ne reconnait officiellement que le gouvernement de Pékin depuis 1979. Trump est tout simplement en train de s’assoir sur 40 ans de politique étrangère américaine. En plus, la présidente taïwanaise est plutôt indépendantiste. Donc ce coup de fil a vraiment fait bondir Pékin.

Et ça aurait pu s’arrêter là, mais non !

Non, piqué au vif, Trump a voulu se justifier dans un tweet, dans la soirée de vendredi : "la présidente de Taïwan M’A TELEPHONE", c’est écrit en majuscule. Et un peu plus tard encore, re-teweet, on  le sent agacé : "Intéressant le fait que les USA vendent des milliards de dollars d'équipement militaire à Taïwan mais que je ne devrais pas accepter un appel de félicitations".

Mais c’est vrai ça ! Les États-Unis vendent des armes à Taïwan, c’est contradictoire !

Oui, c’est même ambigu. Ce sont les nuances de la diplomatie américaine mais Donald Trump, visiblement, veut s’affranchir des nuances.

Et dimanche, alors que la polémique commençait à s’apaiser : rebelote, en 140 caractères ?

Il lui a même fallu deux tweets, pour mettre les pieds dans le plat sur deux autres sujets épineux entre les États-Unis et la Chine. Donald Trump y reproche à Pékin de dévaluer sa monnaie, ce qui pénalise les entreprises américaines et de "bâtir un vaste complexe militaire en Mer de Chine du sud".

Les dirigeants chinois semblaient faire le dos rond mais ça y est, ce matin, les médias officiels tirent à boulets rouges contre les "provocations et contre-vérités" de celui qui est "incapable de fermer sa bouche". Il se trompe, avertit la presse chinoise, s’il considère la Chine comme un pays "manipulable à sa guise" et une "pièce de viande à découper" pour assurer la prospérité des États-Unis.

Il est urgent de Donald Trump se choisisse un secrétaire d’État  pour arrondir les angles de sa diplomatie.

L’un des candidats est un ancien ambassadeur de Chine : ça pourrait servir...

 

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Le Vrai-Faux de l'Info avec l'inquiétude de Thierry Solère.

Le nouveau porte-parole de François Fillon s'alarme d'une dégradation générale du pouvoir d'achat.

Thierry Solère : "Les retraites des petits retraités ne font que baisser".

Les retraites des petits retraités ne font que baisser, affirme Thierry Solère, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est faux, même si beaucoup de changements intervenus ces dernières années ont pu donner cette perception, et qu’il existe, bien sûr, des cas particuliers.

Le montant moyen des pensions était en 2014, l’année des derniers chiffres disponibles, de 1.322 euros par mois. Un montant qui stagne depuis car les retraites n’ont pas été revalorisées. Elles sont indexées sur l’inflation, or la hausse des prix est restée très modeste, inférieure en tous cas à la dernière revalorisation en 2013 de 1,3%. Les pensions devraient augmenter à nouveau de 0,6% en octobre prochain, si l’inflation frémis. Le niveau de vie des retraités, lui, ne s’est pas dégradé selon le Conseil d’orientation des retraites qui inclue dans ses calculs le patrimoine immobilier. Il était en 2013 supérieur à celui de l’ensemble des Français.

Mais ce sont des moyennes, Thierry Solère lui, parle des petites retraites.

Alors là, il faut préciser de quoi on parle. Car le nombre d’allocataires du minimum vieillesse diminue et 7,6% des retraités vivent sous le seuil de pauvreté, donc avec moins de 1.008 euros par mois. C’est deux fois moins que dans le reste de la population et chez les enfants ce taux de pauvreté est de 20%. 

Maintenant, les retraités modestes qui ont constaté une perte de revenus, ne l’ont pas inventée. En fait, des mesures fiscales les ont directement touchés, notamment la suppression de la demi-part supplémentaire pour les veufs. En 2014, brusquement, de très nombreux retraités sont devenus imposables et ont dû s’acquitter de la taxe d’habitation et de la taxe foncière. En même temps, plus d’un million d’entre eux ont subi le relèvement des plafonds pour payer la CSG. Concrètement, ces foyers ont perdu 30 à 50 euros par mois. C’est important mais ce que ne dit pas Thierry Solère, c’est que le gouvernement, face à la grogne des retraités, a corrigé ces mesures en remboursant les impôts locaux qui avaient été payés et en relevant les seuils d’assujettissement à la CSG. La loi a été votée à l’automne et elle concernera plus de 500.000 retraités.