La fausse bonne idée du télétravail et la réunion à Berlin autour de l'Ukraine : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

 

Axel de Tarlé, expert économie

Le télétravail est-il l'avenir du salariat ? Patronat et syndicat doivent revoir les règles du télétravail qui est en pleine expansion.

Mais, attention, travailler chez soi n'est pas forcément la panacée. Loin de là !

On se dit que le télétravail a un boulevard devant lui avec les nouvelles technologies qui permettent de travailler à distance. Plus besoin de perdre du temps dans les transports. On peut vivre à la campagne !
Les deux tiers des salariés sont pour tandis que la moitié des entreprises du CAC 40 s'engagent à le proposer.
Aujourd'hui, le télétravail est peu développé avec seulement 12% des Français qui déclarent faire du télétravail partiel à peine huit heures par mois.

Pourquoi est-ce une fausse bonne idée ?

C'est ce que montre de nombreuses études.
C’est tout d’abord mauvais pour le salarié qui va se retrouver dans un tête-à-tête déprimant avec son ordinateur toute la journée, sans voir personne. Et comme il va culpabiliser, il aura tendance à travailler plus que de raison et notamment le soir ou le week-end, au point de ne plus avoir de coupure entre le travail et la vie privée. C’est d'ailleurs l'objet de ces négociations entre patronat et syndicat, encadrer ce télétravail pour éviter qu'il n'empiète sur la vie privée.

C’est mauvais pour l’employeur car les bonnes idées naissent de l'interaction. C'est en échangeant dans un couloir ou à la machine à café, que va naitre l'idée du siècle qui va révolutionner l'entreprise.
Travailler, ce n'est pas effectuer une liste de chose à faire dans la journée. C'est interagir.

Qui est le plus contre le télétravail ?

C'est très contre-intuitif mais ce sont les géants du Web comme Facebook, Yahoo ou Google qui disent que rien ne vaut le contact humain. Et c'est pour cela qu'ils font tout pour rendre agréable la vie au travail, avec des salles de sport et des cantines gratuites pour que les salariés se sentent bien au bureau et aient envie d'y rester.

Finalement, c'est réconfortant, les géants du web (du monde en ligne) reconnaissent les vertues du contact humain.

 

Sophie Larmoyer, experte internationale

Il a été annoncé au dernier moment hier, aujourd’hui a lieu à Berlin un sommet sur l’Ukraine. Vladimir Poutine, Petro Porochenko le président ukrainien, Angela Merkel et François Hollande se retrouvent pour évoquer le processus de paix. On en est où dans l’Est du pays ?

Les quatre protagonistes ont signé il y a deux ans les Accords de Minsk, censés poser les bases d’un règlement politique. Pour rappel, la région du Donbass, à l’est du pays, est le théâtre de combats avec des séparatistes, soutenus par Moscou. L’Ukraine n’a plus accès à plus de 400 kilomètres de sa frontière avec la Russie.

Or depuis que ces quatre là se sont vus la dernière fois pour parler de l’Ukraine, il y a un an, ça n’a pas avancé sur le terrain.

Sur le plan militaire, il y a toujours des affrontements ?

Toujours. Là-bas se trouvent quelque 700 observateurs de l’OSCE, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et que disent-ils ? Que ça va plutôt mieux que cet été puisqu'en août, ils comptaient plusieurs milliers de violations du cessez-le-feu chaque jour. Alors que ces dernières semaines, ce ne sont "que" des centaines de tirs et avec des armes plus légères, comme des mortiers ou des mitrailleuses. C’est peut-être mieux, mais on est très loin du cessez-le feu censé être en vigueur.

Pourtant les milices séparatistes ont été intégrées professionnelle encadrée et équipée par la Russie.

Sur le plan politique, est ce que la feuille de route des accords est mise en œuvre ?

Non, là encore, des élections locales devraient être organisées dans les zones tenues par les séparatistes, dans le respect de la loi ukrainienne mais les parties se montrent incapables de s’entendre. Kiev et Moscou se renvoient la responsabilité des blocages, donc là aussi tout semble au point mort.

Hier la chancelière disait qu’il n’y aurait "pas de miracle" lors du sommet qu’elle accueille aujourd’hui. Le président ukrainien qu’il n’avait "pas d’attentes très élevées". C’est à se demander pourquoi Poutine, Merkel et Hollande se sont parlé 50 minutes mercredi dernier pour l’organiser quand même, au forceps.

Et la Russie fait toujours l’objet de sanctions de la part de l’Union européenne ?

Ah oui, les sanctions ont été prolongées jusqu’à fin janvier au moins, justement parce que les accords de Minsk ne sont pas appliqués.

 

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Le Vrai-Faux de l’Info avec Najat Vallaud-Belkacem qui répond à la grogne des parents d’élèves.

Des parents excédés par les absences des professeurs, en présentant son plan pour résoudre les couacs hier matin, la ministre de l’Éducation a brandit l’argument ultime : la statistique qui dégomme les idées reçues.

Najat Vallaud-Belkacem : "Dans l'Éducation nationale, contrairement aux préjugés, les enseignants sont moins absents que dans le reste des fonctions publiques, voire même à certains égards du privé."

Les enseignants sont moins absents que dans le reste des fonctions publiques, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est faux car contrairement aux idées reçues, la statistique n'est pas une science dure. La ministre se base sur les dernières données fines, dont on dispose qui datent de 2012. Elles révèlent que les agents de l’Éducation nationale ont été absents, cette année-là, 6,7 jours en moyenne contre 7,1 jours pour les autres fonctionnaires. Les profs s'absenteraient donc moins que les policiers, les greffiers ou les magistrats. Sauf qu’à l’Éducation Nationale, on travaille sur 36 semaines, pas sur 45 semaines comme dans la majorité de la fonction publique. Il va de soit que les statistiques en sont faussées concernant notamment les absences courtes, pour maladie. Les enseignant s’absentent près de quatre fois plus que les fonctionnaires de la justice par exemple pour des petites maladies, des congés de moins de quatre jours. Ce sont ces petits arrêts qui causent beaucoup de problèmes dans les établissements et qui ne sont pas comptabilisés pendant les vacances. Au prorata du nombre de semaines travaillées, on ne peut pas dire qu’ils s’absentent moins que les autres et ils seraient plutôt au-dessus de la moyenne.

Et quand on compare avec le privé ?

Encore une fois, la statistique est biaisée. Cette fois, la ministre se base sur une enquête de l’Insee qui donne la proportion de salariés absents au moins un jour, sur une semaine donnée, une semaine scolaire évidemment. 3% d'enseignants absents contre 3,7% dans le privé. Mais évidemment, en période scolaire, les profs ne prennent pas de vacances, pas de rendez-vous, ils ne sont pas en RTT. La comparaison n'a pas de sens, d’autant moins que la première étude de 2012, se base sur cette année où un jour de carence avait été instauré dans la fonction publique, jour qui a été supprimé depuis. La suppression de ce jour a-t-elle eu un impact sur l’absentéisme, on ne le sait pas vraiment. L’Insee travaille encore à compiler les données.