La bataille de Raqqa et la Banque de France propose de réformer le taux du Livret A : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

 

Axel de Tarlé, expert économie

Le Livret A va-t-il perdre son intérêt ?
La Banque de France propose de réformer le taux du Livret A, avec une nouvelle formule moins avantageuse pour les particuliers.

Pourtant, ça ne rapporte trois fois rien aujourd'hui, le Livret A ?

0,75 %, ce n'est pas beaucoup. Si vous avez 100 euros sur votre livret, ça vous rapporte uniquement 75 centimes.

Ce n'est pas beaucoup et pourtant, c'est trop. Pourquoi ? Parce que les taux sont négatifs.
Pour votre Livret A, la banque vous donne 0,75 % pour votre argent. Ça lui coûte donc 0,75% alors qu'elle pourrait emprunter la même somme à zéro% et même mieux, à des taux négatifs à - 0,32%.
Ce n'est pas anodin étant données les sommes en jeux, 250 milliards sur le Livret cela revient très cher, notamment pour la caisse des Dépôts qui centralise tout cet argent.
Le livret A ne rapporte pas beaucoup aux particuliers mais coûte cher à la caisse des Dépôts qui appartient à l'État.

La seconde critique qui émane, cette fois-ci, de Bruxelles :
Le Livret A est net d'impôt puisque vous ne payez aucune taxe sur ce que vous gagnez, ni CSG, ni CRDS, ni TVA, rien ! C'est un cas unique en France, ce qui en fait un produit imbattable.
Aucune banque privée ne pourra faire mieux pour un produit sans risque.
Vue de Bruxelles, le Livret A bénéficie donc d'une aide d'État qui fausse la concurrence.

La Banque de France veut rendre le Livret A moins intéressant, mais comment ?

Aujourd'hui, il y a une formule. Le taux du Livret A doit automatique être supérieur de 0,25 points à l'inflation.
Ce qui est le cas en ce moment avec une inflation à 0,4 pour un Livret A à 0,75.
Selon les Échos, la nouvelle formule, vise à supprimer cette clause car on craint un retour de l'inflation.
Concrètement, le Livret A pourrait tomber à 0,4 %.

 

Sophie Larmoyer, experte international

Alors que la bataille de Mossoul bat son plein en Irak, l’offensive sur la ville syrienne de Raqqa a commencé ce week-end, pour en déloger l’État islamique avec une force arabo-kurde au sol et l’appui aérien de la coalition internationale. Cette bataille-là était annoncée et attendue, en particulier par la France.

Oui, d’abord parce que Raqqa, c’est la capitale de l’État islamique dans la région. C’est une ville dont les jihadistes ont voulu faire, dès 2014, leur vitrine, la "ville modèle" de ce qu’ils appellent leur "califat". La population y vit sous le régime de la terreur avec des règles de vie dictées par la charia et des punitions publiques comme des décapitations et des crucifixions. Là-bas aussi, des femmes sont vendues sur une place comme esclaves sexuelles, notamment celles de la communauté Yézédie.

C’est une "capitale" stratégique aussi, d’un point de vue opérationnel ?

Absolument. C’est depuis Raqqa que l’État islamique planifie ses attaques extérieures, les attentats perpétrés en son nom. C’était le cas de l’attaque du Bataclan, il y a presque un an. Jean-Yves le Drian, le ministre français de la Défense, l’a rappelé encore hier matin sur Europe 1 : "c’est de Raqqa que sont venus les ordres, les orientations et la logistique qui ont amené le drame et la barbarie" à Paris. D’ailleurs, souvenez-vous : dans les jours qui ont suivi le 13 novembre, la France bombardait lourdement le fief syrien de l’État islamique. Et depuis, cet objectif est resté prioritaire pour l’aviation française.

De Fait, Raqqa n’a pas quitté le viseur de la France ?

Non, y compris lorsque se préparait la grande bataille de Mossoul, les responsables français disaient "après, il y aura Raqqa". C’était une manière aussi de maintenir une certaine pression sur ses alliés : il y a presque deux semaines, c’est Paris qui accueillait une réunion de 13 ministres de la Défense de la coalition, y compris le secrétaire d’État américain pour aborder notamment la planification de la bataille de Raqqa.

C’est aussi dans cette ville syrienne que beaucoup de jihadistes étrangers avaient afflué ?

Oui et c’est aujourd’hui une grande préoccupation. La France estime que parmi ces étrangers il y aurait entre 500 et 600 Français, répartis entre Mossoul et Raqqa. Où vont-ils aller ? Rester en Syrie ? Migrer vers d’autres territoires, en Afrique par exemple ? Ou vont-ils vouloir revenir en Europe ? Ces questions sont cruciales, évidemment, pour notre sécurité. C’est aussi ça, qui se joue dans les batailles conjointes de Mossoul et Raqqa.

 

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Le Vrai Faux de l’Info avec Valérie Pécresse qui potasse son anglais avant l’élection américaine.

Les Français ont beau se passionner pour ce qui se passe outre-atlantique, ils sont souvent incapables de soutenir une conversation, et c’est mauvais pour le tourisme. 

Valérie Pécresse : "Moi, je suis très peinée parce qu'on est 23e sur la maîtrise de la langue anglaise en Europe".

Les Français sont 23e en Europe pour la maîtrise de la langue anglaise, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est même pire que ça, nous sommes derniers, cancres absolus au niveau européen. Sur 70 pays, la France se classe 37e dans l’étude qui fait référence, celle du groupe Education First qui mesure chaque année le niveau de connaissances en anglais de centaines de milliers d’adultes. 910.000 personnes y ont d’ailleurs répondu en 2014. On apprend ainsi que les Ukrainiens et les Chiliens font mieux que nous et que la France se retrouve en fait, à peu près au niveau de l’Équateur. 

Pire, notre niveau ne cesse de baisser. En 2011, 1e année de l’étude, la France se hissait à la 17ème place, devant l’Italie et l’Espagne, notamment, qui ont depuis mis en œuvre des réformes.  La tendance s’est donc inversée. Cancres et fiers de l’être en somme puisque les auteurs de l’étude ne voient aucune amélioration, ni aucune raison d’espérer. 

Mais le niveau des jeunes doit quand même être meilleur, non ?

Ailleurs oui. Les 18-20 ans ont un niveau d’anglais plus élevé que leurs ainés sauf en France, où la différence avec les plus de 40 ans est d’à peine trois points dans les tests. La Commission européenne le confirme d’ailleurs, seuls 14% de nos lycéens maîtrisent bien l’anglais. En Suède, ils sont 82% à parler couramment la langue de Shakespeare. Comment est-ce possible ? Où est-ce que l’on se trompe ? Parce qu’on a fait des plans, des comités de réflexion et des réformes mais le blocage serait en fait politique.

Comment cela politique, on ne voudrait pas apprendre l’anglais ?

Ben pas vraiment. Il y a toujours cette sorte d’aversion culturelle pour la langue de l’impérialisme, tous les spécialistes le disent, on rejette aussi l’élitisme. Plus de 300 écoles primaires en Espagne ont un enseignement totalement bilingue, en France, au contraire, on a supprimé ces classes. Et puis surtout, il y a un problème de méthode. 

Depuis 2014, l’enseignement d’une langue est obligatoire dès la classe de CP mais en fonction des compétences des enseignants. Donc si eux-mêmes ne parle pas anglais, ça ne sert à rien. Plus tard, l’anglais est traité comme une matière secondaire avec seulement trois heures de cours en 5e, c’est autant que le sport. Et l’approche n’est pas efficace, on veut que l’élève parle plutôt que d’écouter un cours magistral. Mais avec des classes de 35 élèves au lycée, c’est tout simplement impossible. S’ils parlent deux heures dans l’année, ce sera déjà beaucoup. Bref, une solution pourrait passer par la télévision et que cesse le doublage systématique des séries américaines. Elles ne l’ont jamais été en Europe du Nord, dans les pays qui s’en sortent mieux en anglais.