Débat de l’entre-deux tours de la primaire de la droite : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

 

Axel de Tarlé, expert économie

On revient sur le débat Juppé/Fillon.
Un point en particulier a retenu l’attention de nos experts dans le domaine de la santé : François Fillon veut dérembourser les soins courants pour les confier au secteur privé.

Voilà qui devrait changer notre quotidien :
François Fillon veut que la Sécurité sociale se recentre sur "les affections graves ou de longue durée " comme le cancer, l’Alzheimer, ou le diabète.
En revanche, le reste sera couvert par les assurances complémentaires comme les mutuelles ou les assurance privées.

En clair : Vous allez chez les médecins pour une angine. la sécu ne rembourse plus rien et c'est votre mutuelle qui prend en charge à 100%.

Ça veut dire que le coût des mutuelles va exploser ?

Oui, aujourd'hui, déjà, pour tout ce qu'on appelle la médecine de ville, aller chez le médecin, les mutuelles payent déjà près de la moitié de la facture.
Si demain, c'est 100 %, ce sera plus cher. À priori deux fois plus cher bien sûr, il y a aura des aides pour les plus défavorisés.
François Fillon est bien conscient du risque de voir le prix des mutuelles flamber. Du coup; il veut surveiller un peu les prix en créant une "agence de contrôle et de régulation de l’assurance de santé privée".
Sur le fond, on va accuser François Fillon de confier notre santé au secteur privé, aux assureurs privés. Il le revendique, il dit qu'il veut "desatétiser" le système de santé.

Sur ce domaine de la santé, François Fillon montre que son programme va plus loin en terme de radicalité, .même s'il le reconnait, ce sera difficile.

 

Sophie Larmoyer, experte international

Presque deux heures de débat et un court moment consacré aux questions internationales qui a pas mal tourné autour de leurs positions divergentes vis-à-vis de Vladimir Poutine.

Ils ne sont pas d’accord sur l’attitude à adopter face au Kremlin et l’ont redit hier soir.
Pour Alain Juppé, il n’est pas question de se fâcher avec la Russie, il faut dialoguer bien-sûr. Mais pour autant, savoir parler franchement au président russe et tracer des lignes rouges : l’annexion de la Crimée inacceptable, la situation bloquée en Ukraine et un désaccord de fond sur le soutien de la Russie à Bachar El-Assad en Syrie.
François Fillon de son côté préfère insister sur la confiance qu’il souhaite renouer avec Vladimir Poutine. Il estime que la Russie est un pays dangereux et qu’il ne faut pas le pousser à s’isoler. Et s’il désapprouve du bout des lèvres l’annexion de la Crimée, il prône surtout un rapprochement tout en semblant se défendre de quelque proximité avec Poutine.

Les deux hommes sont tout de même assez proches.

Oui, entre 2008 et 2012, ils étaient tous deux Premiers ministres. Ils ont donc travaillé ensemble. François Fillon écrit dans son livre "Il ne nous déplaisait pas de nous voir". Il a été invité à la résidence de Poutine à Sotchi. On se donne du "François" et du "Vladimir". Donc oui, on peut parler de proximité, que la presse russe n’a pas manqué de saluer d’ailleurs et c’est vrai aussi sur le fond.

Et sur ce chapitre de l’étranger, on aura remarqué que l’Europe aura été encore la grande absente de ce débat ! Pur deux candidats qui veulent réserver leur 1ere déplacement à Merkel à Berlin, ça ne fait pas beaucoup…

 

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Le Vrai-Faux de l’Info avec le débat de l’entre-deux tours de la primaire de la droite. 

Pour cet ultime débat technique, bourré de chiffres, les candidats avaient travaillé leurs dossiers, l’économie au centre. En revanche sur les salaires des médecins notamment, François Fillon s’est un peu emmêlé. 

François Fillon : “Il y a un moment où demander à quelqu’un qui a fait 10 ans d’étude et qui a votre vie entre les mains d’être moins bien payé que quelqu’un qui vient réparer la plomberie chez vous, c’est juste pas acceptable”.

Un médecin en France gagne moins qu’un plombier, c’est vrai ou faux ?

C’est faux bien sûr, la caricature est même grossière car le salaire moyen d’un généraliste en 2015 est de 7.400 euros nets par mois, selon le bilan fiscal des associations régionales agréées des professions libérales. Un généraliste a rarement votre vie entre ses mains, un cardiologue tourne autour de 11.000 euros, soit 8 fois le salaire d’un plombier débutant, indique le guide 2016 des salaires du BTP. Alors bien sûr un artisan, à son compte, va gagner beaucoup plus, autour de 3.000 euros, en moyenne. Cela reste en-deçà des moins biens payés des généralistes dont les revenus, par ailleurs, ont augmenté depuis 2010 beaucoup plus que l’inflation et que les salaires de ceux qui financent l’assurance maladie.

Première caricature, et ce n’était pas la seule.

Non, quand François Fillon fend l’armure, en parlant de ce qui lui tient à coeur, comme les programmes scolaires, il s’emballe.

François Fillon : “Dans la dernière instruction qui a été donnée par l’Inspection générale, on enlève Clovis, Jeanne d’Arc, Même Voltaire et Rousseau ne sont plus au programme”.

Clovis, Voltaire, Rousseau ne sont plus au programme ?

Géraldine Woessner a consulté les bulletins officiels, Clovis apparaît en bonne place en classe de CM1, juste avant le couronnement de Charlemagne, Jeanne D’arc n’apparaît plus nommément c’est vrai, mais la monarchie capétienne est toujours étudiée. Quand à Voltaire et Rousseau, les élèves les découvrent en classe de 4e, quand ils abordent l’Europe des Lumières. On peut regretter que ce soit si tôt, noyé dans un programme extrêmement chargé cette année-là, cela va de la traite négrière à la condition féminine sous la troisième république. Mais ils n’ont pas encore disparu des programmes.