Le regard d’Yves Thréard sur le second débat de la Primaire

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SAISON 2016 - 2017

Alors que les sept candidats à la primaire de la droite et du centre se sont affrontés hier soir pour la seconde fois, Yves Thréard nous livre son analyse du débat.

Après le deuxième débat de la droite, Yves Thréard pose la question : finalement, cette primaire pour quoi faire ?

Migrants, sécurité, éducation et mode de gouvernement… Effectivement, sur tous les thèmes évoqués hier soir, qu’est-ce qui les différencie ? Presque rien. Ils pourraient gouverner ensemble. Ce n’était pas le cas lors de la primaire de la gauche en 2011 où les différences apparaissaient alors clairement, entre la démondialisation de Montebourg et le social-libéralisme de Valls.
Et, d’ailleurs, on a vu le résultat : ils n’ont pas pu gouverner ensemble longtemps. Tandis qu’entre eux, les Juppé, Fillon, Sarkozy et les autres, ce n’est rien d’autre qu’une question de caractère et de règlements de comptes du passé quand, précisément, ils gouvernaient ensemble sous l’autorité de Sarkozy.
Hier soir, ils ont passé leur temps à cela et, du coup, ça a traîné en longueur. C’est vrai, dans une ambiance plus décontractée que dans le premier débat.

Donc, un débat pour rien ?

Presque. À force d’entrer dans les détails pour qu’ils se distinguent et se démarquent, le débat nous fait perdre l’essentiel : quel est le grand projet de chacun, sa vision de l’avenir, ses lignes d’horizon. En fait, ils s’expriment plus comme des ministres priés de répondre à chaque question que comme de futurs chefs de l’État capables de mobiliser les Français autour de la seule idée qui compte : quelle France pour demain ?
On aurait pu se contenter de leurs conclusions pour savoir que Fillon, c’est la rigueur, Juppé, le retour à la confiance, que Sarkozy, c’est un pays fort, Copé, un pays décomplexé, que Le Maire, c’est l’écriture d’un nouveau récit national, NKM, l’anti compromission, et que Poisson, c’est l’affirmation d’un État protecteur. Seuls ceux qui ne suivent pas l’actualité politique avaient besoin de ce débat pour le savoir.

Qui a gagné ?

Une nouvelle fois, Fillon. Qu’on soit d’accord ou pas avec ses idées, c’est le plus cohérent et celui qui dit le moins d’approximations. La grande perdante, c’est l’Europe. Elle était pourtant au menu. C’est grave de négliger une grande malade à ce point-là !