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SAISON 2016 - 2017, modifié à

Chaque matin, Yves Thréard nous livre son analyse politique quelques heures après la nomination de François Bayrou au poste de Garde des Sceaux.

Le joli coup de François Bayrou.

Trois ministères et pas n’importe lesquels, dont un pour lui, et probablement une centaine d’investitures aux législatives pour son parti : c’est la grande résurrection de Bayrou, trois fois candidat malheureux à la présidentielle, et de son parti, le MoDem. Il devient ministre d’État, garde des Sceaux, fonction régalienne prestigieuse s’il en est : il l’a souligné lui-même avec fierté. Marielle de Sarnez, son fidèle bras droit, s’occupera des Affaires européennes, et Sylvie Goulard des Armées.
Le politique madré et rusé qu’est Bayrou vit une résurrection inespérée auprès de Macron. Et dire qu’il n’était plus que maire de Pau, et le MoDem, un parti sans troupes ni généraux, sans même un député sortant, depuis que Jean Lassalle a quitté le navire.
Ce n’est pas un hold-up, car le ralliement de Bayrou à Macron a pesé dans la victoire de Macron à la présidentielle, peut-être de 3 à 4% des voix au premier tour, mais c’est une belle et même juteuse opération.

Bayrou et son parti devraient avoir un rôle déterminant.

Oui, et c’est un pied de nez à la droite, qui ne lui a jamais pardonné d’avoir voté Hollande en 2012, et au PS qui ne lui a jamais fait confiance.
Bayrou prend sa revanche en devenant central dans le nouveau paysage politique alors que Les Républicains se divisent et que le PS est sous assistance respiratoire. En tant que ministre de la Justice, il va porter le premier projet de loi du quinquennat, celui sur la moralisation de la vie publique. Texte dont il a fait l’une des conditions à son ralliement à En Marche.
Mieux, au prix de fortes pressions sur Macron, son parti est quasi assuré d’avoir un groupe parlementaire dans la prochaine Assemblée, ce qui sera synonyme d’importantes rentrée d’argent pour le MoDem. Ce qui fera aussi de lui un partenaire essentiel, et donc à ménager, pour le vote des réformes.

Entre Bayrou et Macron, ça peut donc être explosif.

Quand on connaît le fort caractère des deux, il ne serait pas étonnant qu’il y ait quelques étincelles. Bayrou n’est pas un allié facile à manier.