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SAISON 2016 - 2017, modifié à

Chaque matin, Yves Thréard nous livre son analyse politique à quelques semaines de l'élection présidentielle.

Le complexe allemand des candidats français.

Après Fillon et Macron, c’est donc Hamon qui fait le voyage de Berlin aujourd’hui.
Mais que vont- ils tous chercher outre-Rhin ? Pour certains, l’adoubement d’Angela Merkel qui accepte d’ailleurs de les recevoir. Sauf Le Pen et Mélenchon qui déteste Merkel.
Est-ce bénéfique ce voyage ? En 2012, Sarkozy s’était prévalu de sa rencontre avec Merkel et cela ne lui avait guère porté chance. Et puis l’étoile de la chancelière allemande a sérieusement pâli dans l’opinion française depuis l’affaire des migrants. Hamon, lui, va aussi chercher le soutien du Parti social-démocrate allemand, qui semble plutôt avoir un faible pour Macron.
En tout état de cause, ce pèlerinage à Berlin révèle, de mon point de vue, un complexe d’infériorité, car le contraire n’est pas vrai : on n’a jamais vu des candidats allemands inscrire le voyage de Paris dans leur campagne.

Complexe qui s’explique par la supériorité économique de l’Allemagne ?

Vous savez ce qu’on dit en football : le football est un sport qui se joue à onze contre onze, mais à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne. C’est le sentiment que les Français ont économiquement face aux Allemands.
Ils ont peu de chômage, de la croissance, la meilleure compétitivité et ils sont les rois du dialogue social. C’est le pays dominant en Europe et ils ont tous les résultats que la France n’a pas. Mais les Allemands les ont payés au prix de réformes douloureuses au début des années 2000. Les mêmes réformes que la France n’a jamais faites.
Du coup la confiance que les Allemands, qu’ils soient conservateurs ou socio-démocrates, avait en nous s’est sérieusement étiolée.
Avec ses affaires, Fillon a perdu beaucoup de crédit là-bas, et sur Macron, ils ont des doutes…

Donc, tout est à refaire entre la France et l’Allemagne ?

Beaucoup de choses, mais comment et avec qui ? L’Allemagne aura aussi des élections générales à l’automne et rien ne dit que Merkel soit reconduite. Le couple franco-allemand est à l’image de l’Union européenne : au point mort.