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SAISON 2016 - 2017

Même si cela va être très compliqué pour Alain Juppé de remporter cette primaire, rien n'est impossible s'il surmonte ses trois principaux handicaps.

Ce soir, le débat de l’entre-deux tours, Juppé peut-il encore gagner la primaire de la droite ?

C’est quasi impossible, mais impossible n’est pas français. Et puis, les surprises électorales n’ont pas manqué ces derniers mois, au Royaume Uni comme aux États-Unis.
Juppé a trois handicaps à surmonter :
D’abord, il a face à lui un Fillon porté par une dynamique phénoménale, en plein état de grâce, en pleine confiance, à qui rien ne semble pouvoir arriver.
Ensuite, Fillon a attiré vers lui tous les bataillons de la droite, des déçus du sarkozysme aux libéraux, des nostalgiques du gaullisme aux tenants de la droiture morale. Où sont les réserves de voix de Juppé ? A gauche ? 10 à 15 % des électeurs du premier tour se revendiquaient de gauche, c’est beaucoup. Mais ils se sont déplacés pour faire barrage à Sarkozy, viendront-ils plus nombreux cette fois ? J’en doute. Quant aux électeurs du centre, ils ne sont pas plus juppéistes que fillonistes.
Enfin, la campagne d’entre-deux tours de Juppé, agressive et parfois mensongère, a été contre-productive et l’a rendu antipathique jusque parmi ses supporters.

Le débat de ce soir peut-il changer la donne ?

D’expérience, un pareil débat est décisif seulement quand l’écart est serré, comme entre Giscard d’Estaing et Mitterrand, en 1974 puis en 1981.
Pour continuer à espérer, Juppé doit changer de ton, se montrer moins fébrile.
Et il doit viser juste sur le fond. Pour essayer de déstabiliser Fillon en affirmant que son adversaire sera l’homme qui creusera les déficits, cassera le modèle social français et mettra des millions de gens dans la rue. Bref, dire qu’avec Fillon, ce serait la révolution dans la violence et qu’avec lui, ce serait la rupture sans la violence. Pas simple, mais la droite n’aime pas le désordre.

Il y a aussi l’arme anti Le Pen ?

Juppé n’est pas un meilleur rempart que Fillon contre Marine Le Pen. Et il en serait un moins bon si, d’aventure, c’était un candidat de gauche qui accédait au deuxième tour à la présidentielle.