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SAISON 2016 - 2017

Alors que personne ne s'attendait à un tel score de François Fillon, Yves Thréard décrypte les résultats du premier tour de la primaire de la droite.

François Fillon peut-il perdre la primaire de la droite et du centre ?

Cela paraît quasi impossible compte tenu de son avance, plus de quinze points devant Juppé.
Surtout que Fillon va bénéficier de la voix de Sarkozy et donc de nombreux Sarkozystes.
Mais attention : Fillon, c’est une droite classique, libérale sur le front économique mais conservatrice sur les questions de société, notamment sur la famille.
Ce positionnement pourrait très bien mobiliser l’électorat de gauche qui estime que le vainqueur de cette primaire sera le prochain président de la République.
Cet électorat de gauche pourrait être encore plus nombreux qu’au premier tour, où il a représenté déjà 12 à 15% des votants. Or les faveurs de cet électorat vont évidemment davantage à Juppé, qui n’a jamais caché qu’il voulait rassembler large. Juppé va s’y employer encore plus pendant la semaine, renvoyant Fillon à une image réactionnaire.

Comment expliquer cette impressionnante percée de Fillon alors qu’il n’était même pas le troisième homme dans les sondages il y a deux mois.

Fillon avait parié que tout se jouerait dans les dernières semaines, quand les Français se sentiraient vraiment concernés par le scrutin. Eh bien, il avait raison.
Surtout, Fillon a su relancer sa campagne après l’été. Jusque-là, il avait exclusivement, ou presque, parlé d’économie. C’est lorsqu’il a commencé à développer ses idées sur l’école, la famille et la lutte contre l’islamisme qu’il a décollé dans les sondages. Il a d’ailleurs sorti un livre contre le "totalitarisme islamique" qui n’était pas prévu au départ et qui a rencontré un vif succès en librairie. Preuve que tout ne se joue pas sur le chômage.
Il a aussi bénéficié des inconstances de Nicolas Sarkozy, qui a souvent changé de pied et qui a pâti de la forte participation à ce premier tour. Laquelle a minimisé l’impact de son seul club de fans sur le scrutin.

Sarkozy, c’est fini ?

Je crois que, oui, cette fois. Tout dans son discours sonnait comme un adieu. Une page de la vie politique française se tourne. Elle aura duré une quinzaine d’années pendant lesquelles Nicolas Sarkozy aura le centre de tous les débats, et pas qu’à droite.