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SAISON 2016 - 2017

Alors que la polémique enfle autour du ministre de la Cohésion des territoires, Bruno Jeudy nous livre son édito politique.

À raison de trois départements visités par jour, François Baroin sillonne la France pour soutenir les candidats Républicains et UDI aux législatives. Le chef de file de la droite s’accroche malgré des sondages qui ne sont pas bons. Mais franchement, la droite cherche d’abord à sauver les meubles ?
 
C’est vrai que François Baroin ne parle plus de victoire. Le chef de file des Républicains se bat aujourd’hui pour obtenir "le plus de représentants possibles à l’Assemblée nationale". Au mieux, "être le premier groupe parlementaire", ajoute-t-il, sans trop y croire. Mais qu’importe, François Baroin accepte de se battre avec le vent de face, dit-il. Et prend même plaisir à faire cette campagne qui a un petit côté mission sacrificielle. Sur le terrain, le chiraco-sarkozyste mouille la chemise à la différence de la plupart des autres leaders de droite qui ont déserté le champ de bataille. À l’exception de Christian Jacob, Xavier Bertrand, Eric Woerth ou encore Valérie Pécresse.
Sur le papier, soyons clair, la droite a peu de chance, pour l’instant, de retrouver ses 220 députés sortants. Les sondages accordent à l’alliance LR-UDI autour de 19% soit au mieux 150 élus.
 
Pourquoi ça ne prend pas sur le terrain ?
 
La droite est sortie décapitée de la séquence primaire-présidentielle. Elle a perdu Sarkozy, Juppé et Fillon. Dans la foulée de l’humiliante élimination du premier tour, Emmanuel Macron a semé la pagaille en nommant trois LR à des postes clés : Matignon et deux ministres à Bercy. De quoi démobiliser une partie des électeurs de droite et même séduire une partie des modérés. Dans ces conditions, même l’argument de la hausse de la CSG qui va pourtant impacter lourdement retraités et fonctionnaires ne prend pas.
 
Et l’affaire Ferrand, ça peut redonner des couleurs à la droite ?
 
C’est le point d’interrogation, Samuel. Devenue le mauvais feuilleton du début du quinquennat, l’affaire Ferrand peut faire perdre de un à deux points dans les sondages à La République en marche. C’est à dire la différence entre une majorité absolue et une majorité relative. François Baroin n’a pas raté l’occasion d’ironiser sur le président et son gouvernement qui veulent moraliser la vie politique mais dont l’un des membres éminents, son chef d’orchestre n’est lui-même pas exemplaire. En déplacement à Caen, François Baroin n’a pas hésité à dénoncer une tromperie par rapport aux engagements de la présidentielle. La droite a donc enfin trouvé un angle d’attaque. Et dans les dix jours qu’il reste, elle ne va pas se gêner pour taper sur ce clou. Et dix jours dans une campagne, c’est une éternité. Alors méfiance.