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Pascal Pavageau affirme qu'un SDF sur quatre a un travail.

Vrai Faux : l'indignation de Force Ouvrière.

Le nouvel homme fort du syndicat Force Ouvrière, Pascal Pavageau, entre en résistance. Il décrit un pays au bord de "l'implosion sociale", et dénonce les politiques conduites par Emmanuel Macron, qui ne profiteraient qu'à "ceux qui ont déjà tout".

"Le fait que 1 SDF sur 4 ait un travail, vous trouvez ça logique dans la 5e puissance économique du monde ?"

Un SDF sur quatre a un travail. Vrai ou faux ?

Il est difficile de l'affirmer, tant la source de cette statistique est fragile. On connaît mal la population de SDF en France. La dernière grande enquête remonte à 2012 : l’Insee avait alors recensé le nombre de sans-abris dans le pays, il atteignait environ 142.000.

Mais les données sur l'emploi de ces personnes n’ont pas été collectées auprès de toutes : uniquement auprès des francophones des agglomérations de plus de 20.000 habitants, c’est-à-dire donc 66.000 personnes. 24% d’entre elles se déclaraient alors en emploi, c’est à dire occupant une activité régulière ou un petit boulot.

Mais la notion d'emploi elle-même doit être précisée : un quart de ces travailleurs étaient en fait employés par un centre d’hébergement ou un foyer, souvent sans contrat, en contrepartie du gite et du couvert. La proportion de sans-abris qui avaient réellement un travail, à l'époque, dans une entreprise ou chez un particulier,  était plutôt autour de 13% chez les adultes. On parle d'emplois très précaires, non qualifiés. Même si pour beaucoup (40%), il s'agissait de CDI : les sans-abris subissent le temps partiel et le travail au noir. Dans plus d’un cas sur cinq, ils n'avaient aucun contrat.

Est-ce que cela a évolué ?

La situation s'est aggravée depuis 2000. Mais depuis six ans, comme il n'y pas eu de recensement, c'est difficile à dire. D'autant plus que la crise migratoire a jeté de nouvelles populations dans la rue. Le dernier recensement qui a eu lieu, uniquement à Paris, en février, a montré que 5% seulement des 3000 sans-abris qui dormaient dehors cette nuit-là avaient effectivement un emploi déclaré. Mais ce n'est pas très représentatif : l'État héberge chaque jour, uniquement en région francilienne, quelques 100.000 personnes qui n'ont pas de domicile fixe. Beaucoup survivent de petits boulots, de contrats courts. L’emploi précaire, qui explose, joue un double rôle nocif : une fois qu’on a perdu son logement, on peine à retrouver quelque chose de stable qui permette de sortir de la misère, et en amont le risque est multiplié : près de 40% des chômeurs en France sont considérés comme à risque de basculer dans la pauvreté, selon les chiffres de la commission européenne, et près de 8,8% des travailleurs sont des travailleurs pauvres. C’est très en-dessous de la moyenne européenne, mais cela reste extrêmement choquant.

D'autant plus que les loyers ont tellement augmenté que la pression devient insoutenable pour un nombre croissant de familles. On on manque de logements très sociaux pour les accueillir : aujourd’hui 430.000 familles en attente d’un logement social vivent en-dessous du seuil de pauvreté.