Le ministère de l'Intérieur sous-estime-t-il toujours le nombre de manifestants ?

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Jean-Frédéric Poisson affirme que traditionnellement, le ministère de l’Intérieur sous-estime le nombre des manifestants.

Le vrai-faux de l’Info avec Jean-Frédéric Poisson dans le grand bain de la manif pour tous.

Le candidat de la primaire de la droite et du centre était sur Sud Radio hier, avant de rejoindre le mouvement opposé au mariage gay. Il anticipait déjà la bataille des chiffres, 24.000 selon la police et 200.000 selon les manifestants. 

Jean-Frédéric Poisson : "Traditionnellement, le ministère de l'Intérieur sous estime les chiffres des manifestations".

Le ministère sous-estime toujours les chiffres des manifestations, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est vrai qu’avec des écarts souvent de un à cinq, parfois même de sept ou dix, ça s’est vu avec la manif pour tous, on peut se poser la question. Pourtant non, c’est faux. À chaque fois qu’on a pu vérifier de façon indépendante, on a trouvé l’inverse, la police sur-évalue même légèrement le nombre de manifestants.

Pour comprendre comment les calculs sont fait, il faut regarder ce que chacun compte.

Les syndicats, par exemple, se basent sur le nombre de cars réservés pour se rendre a la manifs, puis ils comptent, sur place, le nombre de manifestants qui passent par un point fixe. Ensuite, ils rapportent ce chiffre au temps qu’a mis le cortège pour franchir ce même point. Le problème, c’est que la densité n’est pas la même, les rangs souvent se délitent au fil de la journée et la densité du cortège n’est pas prise en compte. 

C’est ce que fait la Manif pour tous ?

Ils ont d’autres méthodes qu’utilisent aussi certains syndicats. Calculer par exemple, la surface occupée à l’arrivée du cortège. L’an dernier, c’était au Champs de Mars, 250.000 m2, si l’on estime qu’il y avait deux manifestants par m2, ça fait déjà 500.000. Plus compliqué hier où la place du Trocadéro ne fait que 20.000 m2, mais les organisateurs estiment aussi les flux, les gens qui arrivent et qui repartent. Toutes ces méthodes agrégées donnent leur estimation qui n’a rien à voir avec ce que la police constate.

Alors justement comment fait-elle, la police ?

La police, elle, compte en deux ou trois points différents, en hauteur, chaque rang qui passe, avec un cliquet, ça dure des heures. Il y a bien sûr des erreurs parce qu’il faut être concentré, mais une enquête indépendante, conduite par des chercheurs, a montré l’an dernier que c’était la méthode la plus fiable. Les chiffres donnés au public sont d’ailleurs surévalués de 10%, pour compenser les erreurs. Et pour contrer les polémiques, depuis 2009, un recomptage a lieu, les jours suivants, à partir des vidéos du cortège. Dans 95% des cas, ils donnent un résultat encore inférieur à l’estimation de la police.