Éric Ciotti fait la chasse aux migrants économiques

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Géraldine Woessner s'est penchée sur les chiffres des demandeurs d'asile pour vérifier si les affirmations du député LR étaient justifiées.

Le député républicain des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, dénonce la gestion de la crise des réfugiés. "Regardez les nationalités des demandeurs d'asile cette année. Les Haïtiens c'est la deuxième nationalité. Y a-t-il la guerre en Haïti ?", dit-t-il.

Sauf que son affirmation est fausse. Les Haïtiens ne sont pas la deuxième nationalité à demander l’asile en France, cette année. Nous nous sommes plongés, avec Maxime Laurent, dans les dernières données d'Eurostat : au 31 juillet, 2.800 Haïtiens avaient déposé une demande d’asile en France, c’est la 4e nationalité représentée après, après les Afghans, les Soudanais, et ceux qui ont fui l’Albanie. Les Syriens, en revanche, n’arrivent qu’en 5e position alors qu’ils représentent toujours plus d’un tiers des réfugiés qui franchissent les frontières de l'Europe.

Donc Eric Ciotti se trompe en proportion, mais c'est vrai qu'en 2015, les réfugiés venaient d'abord de pays en guerre : le Soudan, avec 2,5 millions de déplacés au Darfour, la Syrie. C'est moins le cas cette année avec l'arrivée d'Afghans, d'Haïtiens, et d'Albanais.

Affirmer qu'ils sont alors des migrants économiques est compliqué. Je vous rappelle que l’Ouragan Matthew vient de ravager le sud d’Haïti, 600.000 personnes vivent encore sous des tentes, la famine menace.Un flot de réfugiés haïtiens arrive d’ailleurs en ce moment, aux États-Unis. Etant donné les liens historiques de la France avec l’île, il n’est pas surprenant que certains cherchent refuge ici.

Plus étonnant est le cas des Afghans, mais la aussi, il y a des explications. Sous la dictature des Talibans, 1,5 million ont fui au Pakistan qui leur enjoint de quitter le pays d’ici 2017, or, beaucoup n’ont nulle part ou aller, pas de toit, pas de terre, en Afghanistan. Certains cherchent a rejoindre l’Angleterre. Ils se sont enregistrés récemment en France mais la situation de chacun est complexe, il faut l’examiner.

Et vous savez qu’on parle de tout petits nombres : contrairement à ce qu'on voit en Allemagne, qui accueille les Syriens, la provenance des demandeurs d'asile en France est très fragmentée. C'est paradoxal : cette crise syrienne est dans toutes les têtes, mais elle n'a chez nous qu’un impact limité.