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SAISON 2016 - 2017

Catherine Nay dresse le portrait de l'ancien chancelier allemand, Helmut Kohl.

Bonjour Catherine

Bonjour Sébastien

Helmut Kohl, l'ancien chancelier Allemand est mort hier à l'âge de 87 ans. Il restera dans toutes les mémoires, comme le père de la réunification allemande et un pilier de la construction européenne.. Avec vous, Catherine, on retrace son histoire hors norme...

Longtemps les allemands ont sous-estimé l'animal politique... On le moquait pour son manque de sophistication... Son accent, ses costumes mal taillés... On caricaturait ce géant noir, 1m93, 150 kg... En forme de poire... Mais il s'est vite révélé comme un fin stratège... Entré à 17 ans dans les jeunesses chrétiennes démocrates... Il n'a cessé de faire de la politique... A 39 ans il est élu président du Landes de Rhénanie Palatina qu'il transforme en région dynamique... Ses réformes sont vantées par son parti la CDU dont il devient le patron en 1973... Les ténors du parti n'en reviennent pas... Le voilà chef de l'opposition... Avec pour arme : son bon sens, son flaire, mais surtout, il incarne une image paternelle, rassurante... Il parle, mange, s'habille, comme un allemand ordinaire... Il plait... Et devient chancelier en 1982... François Mitterrand est à l'Elysée depuis un an...

Entre les 2 hommes, s'est d'ailleurs nouée une amitié inédite...

Mais c'est l'Histoire qui les a rapproché... Tous 2 ont connu les attrocités de la guerre... Mitterrand avait été prisonnier en Allemagne... le frère ainé de Kohl avait été tué , il avait 18 ans... De la guerre ils en parlaient pendant des heures... Kohl racontait qu'à 20 ans il allait arraché les poteaux frontières en allemagne... déjà il voulait oeuvrer pour la paix en europe... Une construction politique, économique et monétaire avec pour débouché normal une monnaie commune : l'euro... François Mitterrand était allé en 84 au Bundestag, la cause des missiles américains pershing... plaidant les missiles sont à l'Est, les pacifistes à l'ouest... Une phrase pour faire honte aux socio-démocrates gagnés par le pacifisme...

En réalité, entre Kohl et Mitterrand, les rapports étaient moins idylliques qu'on ne le dit... C'était un mélange de méfiance et de complicité, celle-là immortalisé le 22 septembre 84 à Verdun... Avec cette photo choc, les 2 hommes se tenant la main devant les tombes des soldats tombés pendant la première guerre... et ce geste n'était pas prémédité.

Mais la grande oeuvre de Kohl c'est la réunification...

Oui Kohl le raconte dans ses mémoires... Il a toujours pensé que cela se ferait un jour mais que peut être il ne le verrait pas de son vivant... Lorsque le premier coup de pioche a ouvert le mur de Berlin le 9 novembre 89, lui était à Varsovie et il a compris sur le champ que l'histoire était en marche et qu'on ne l'arreterait pas... alors il a foncé... 2 semaines plus tard, il proposait une feuille de route en 10 points pour la réunification... Le prix à payer pour les allemands serait l'abandon du Deutsch Mark au profit de l'euro, un tour de force quand on connait l'attachement des allemands pour leur monnaie... Et les alliés de gré ou de force ont dû s'incliner.. restait à convaincre Gorbatchev... ce sera fait lors d'un diner en tete à tete avec les épouses dans le Kokaz en juillet 90... Là un coup de maitre selon son ancien rival Helmut Schmidt...

Et Helmut Kohl a tenu 16 ans au pouvoir... Un autre record..

Il aurait pu partir, couronné de gloire en 98... Il a eu le tort de se représenter pour un 5 ème mandat... alors qu'il aurait du laisser la place à son dauphin Wolfgang Schauble... Mais il a été battu par une majorité rouge verte et c'est Gerard Schroder qui lui a succédé... Un an plus tard, le scandale des caisses noires de la CDU, c'est à dire le financement occulte du parti, l'ont fait démissionner de la présidence d'honneur du parti...

Pour lui, un déchirement... Mais c'est Angela Merkel qui avait dénoncé ces pratiques financières dans une tribune qui l'y a contraint.. Elle, la petite allemande de l'Est, la "gamine" comme il disait, qu'il avait nommé ministre, qui a tué le père, quel culot! Il ne le lui a jamais pardonné cette trahison... Hier, la chancellière visiblement émue, saluait un homme qui a été une chance pour nous Allemands, a t'elle dit... Elle lui devait bien ça...