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SAISON 2017 - 2018

Ce samedi, Catherine Nay décrypte le passage de Laurent Wauquiez dans "l'Emission politique".

Bonjour Catherine,

Bonjour Wendy, bonjour à tous.

Laurent Wauquiez, élu président des Républicains le 10 décembre dernier, faisait jeudi dans l'Emission politique, sa rentrée médiatique : une première. Précédé de sondages peu flatteurs et d'une fronde interne, il jouait gros. A-t-il réussi cet examen de passage ?

Pour l'audience, non. Un million et demi de téléspectateurs, c'est moins que Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon. C'est vrai qu'il n'a pas leur notoriété, ni leur réputation de grande gueule qui attire le public. et un leadership pas installé. Son élection à la tête des Républicains a même eu un impact négatif sur les sondages. C'est dire.

Mais a-t-il convaincu ceux qui l'ont regardé ? A la fin de l'émission, on pose la question. Eh bien la réponse, c'est oui. Pour 50% des sondés. Et là, il fait mieux que Marine Le Pen et Mélenchon, à peine moins bien qu'Edouard Philippe. Donc, c'est un grand succès pour quelqu'un qui se présentait avec une image aussi dégradée. On passe toujours des coups de fil après une émission. On interroge des élus, des militants. Et tous disait l'avoir trouvé excellent, habile, et même sympa !

Il a réussi ce test si difficile : la crédibilité.

Oui, c'est une émission difficile. Pendant deux heures et demie, vous êtes assailli de questions. Et le moindre dérapage peut coûter très cher, anéantir une réputation. Mais là, aucune fausse note. Laurent Wauquiez n'a donné aucune prise à ceux qui, dans le parti, espéraient sans doute une "extrémisation" de son propos pour justifier une prise de distance avec lui. Il a au contraire maîtrisé son expression, sans jamais verser dans l'agressivité. Habile lorsqu'il avance : "Je ne veux pas laisser le monopole de l'immigration au Front National. Je ne veux pas laisser le monopole du social à la gauche.". Et lorsqu'il suggère de remettre à plat des sujets qui fâchent, sur le regroupement famililal, les prestations sociales, il fait siennes des propositions formulées par Alain Juppé, peu suspect de pactisation avec le Front National. D'ailleurs, Laurent Wauquiez le répète : "jamais d'alliance avec les élus du Front National."

Mais le clou de l'émission ont été ces face-à-face avec l'invité surprise, Alain Minc et Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement.

Oui, il les a dominés. Alain Minc, qui n'est pas n'importe qui. En plus, il l'a bien connu jadis, lui reprochait l'inconstance de ses positions en cherchant à l'enfermer dans la vieille extrême-droite classique. Là, Laurent Wauquiez a répliqué et sur l'air de "Mais, Monsieur Minc, vous n'avez pas vu le monde changer", il s'est lancé dans une longue tirade. Un grand numéro d'entologie politique. Avant de le renvoyer à la courtisanerie pour ceux qui sont au pouvoir et que vous connaissez bien. Un ange est passé. "Oui Monsieur Minc, j'ai changé. parce que j'ai fait le choix de me remettre en question."

Benjamin Grivaux venait défendre la suppression de la taxe d'habitation, la hausse du salaire net des Français. Mai peine perdue. "Moi, je suis un Auvergnat, je sais compter. Et je vois bien que cette année, les classes moyennes et modestes vont perdre de l'argent.". Et de dénoncer cette hausse de la CSG, dont tous les petits retraités se plaignent. "Ils vont perdre de l'argent". Le porte-parole du gouvernement n'avait peut-être pas assez préparé son interpellation. En tout cas, c'est clair. Ces deux hommes ont offert à Laurent Wauquiez de tester ses capacités de répartie. Un baptême initiatique. C'est comme cela que l'on devient un chef et que les autres vous regardent autrement.

Laurent Wauquiez a aussi donné quelques leçons à Emmanuel Macron.

Quand on veut être le chef de l'opposition, on s'oppose. "Moi, je ne me laisse pas esbaudir". Depuis un an, la montagne Macron a accouché d'une souris, dit-il. Et de dénoncer pêle-mêle sa politique qui favorise les riches, la fermeture de Fessenheim, alors que le nucléaire n'est pas une énergie polluante, la mauvaise gestion publique. Aucune réduction des dépenses. Alors que lui se donne en exemple. Dans sa région, les dépenses ont diminué de 5,9%. Les investissements ont augmenté de 21%. Et cela sans augmenter les impôts et alors que l'Etat a baissé sa dotation de 72 millions. Laurent Wauquiez a eu les félicitations de la Cour des Comptes. De quoi vous donner des galons de premier opposant.

Aujourd'hui, fort de la réussite de cette émission, Laurent Wauquiez peut se présenter serein devant le Conseil National.

C'est vrai que politiquement, médiatiquement, ça compte. On va le regarder autrement. Mais la bataille de l'unité au sein du parti républicain est loin d'être gagnée. Il doit mobiliser les militants sur le terrain, montrer sa capacité à jouer les premiers rôles. Tout reste à faire. D'ailleurs, il le reconnait : "Pour moi, tout commence", a-t-il dit à la fin de l'émission.