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SAISON 2016 - 2017

Donald Trump a été investi vendredi 45ème président des Etats-Unis. Le successeur de Barack Obama a promis une révolution.

Donald Trump, investi hier 45ème Président des Etats-Unis, a proclamé le déclenchement d'une révolution. Avec lui, ce sera "l'Amérique d'abord !". Décryptage de son discours.

Ceux qui espéraient que sa prestation de serment sur la Bible transformerait Donald Trump en président rassembleur de tous les Américains ont reçu une douche froide sur la tête. Le 45ème président des Etats-Unis a parlé pendant 16 minutes, en chef de fronde, sur un ton guerrier. Il n'a pas changé d'un iota : il gouvernera comme il a fait campagne. Donc, pas de main tendue aux dizaines de millions d'Américains qui n'ont pas voté pour lui. Il s'est adressé à ses électeurs, et à eux seuls : ces petits blancs de l'Amérique profonde, qu'il appelle "les oubliés", qui ne seront plus jamais "oubliés", promet-il. Le peuple est redevenu citoyen.

Le plus extraordinaire, c'est qu'il a taillé en pièces l'establishement washingtonien qui le recevait.

Oui, une fessée à ceux qui lui remettaient les clés de la capitale fédérale. Pendant trop longtemps, un petit groupe de notre capitale a récolté les avantages, tandis que le peuple en a assumé le coût. Washington a prospéré mais le peuple n'a pas eu sa part de richesses. L'establishment s'est protégé. Les politiciens ont prospéré mais les emplois se sont taris. "Les victoires n'ont pas été les vôtres, mais tout cela va changer." Le 20 janvier 2017 restera dans les mémoires comme le jour où le peuple dirige à nouveau la nation. Applaudissements sur l'esplanade. Mais les caméras qui filmaient les invités montraient des visages pétrifiés. Les quatre ex-présidents présents, Jimmy Carter, George W. Bush, Bill Clinton et Barack Obama, restaient eux aussi de marbre et n'ont pas applaudi. Une révolution arrive. "Achetez américain. Embauchez américain. Reconstruire les frontières. L'Amérique d'abord" est le crédo trumpien !

L'esplanade n'était pas pleine de monde ! Ça n'était pas la foule en liesse qui avait ovationné, huit ans plus tôt, Barack Obama. Il y a eu des manifestations violentes dans la ville. Il y en aura aujourd'hui…

Oui... Les habitants de Washington, qui ont voté à plus de 90% pour Hillary Clinton, étaient absents. Jamais depuis 40 ans un président américain n'a pris le pouvoir avec un niveau d'impopularité aussi élevé : à peine 40% d'opinions positives. Les premières semaines risquent d'être chaotiques. La presse, qui le déteste, ne va pas l'aider. La bureaucratie non plus. Les agences de renseignement, l'agence de l'environnement voient en lui un ennemi. Vont-ils tenter de saboter ses initiatives ? Mais Trump veut appliquer son programme. Ça a commencé hier soir. Il a annulé le décret Obama par lequel il ordonne d'alléger sa réforme emblématique de l'assurance maladie, trop coûteuse à ses yeux : l'Obamacare.

Vous voulez dire que ça commence mal ?

Non. Ça commence. Au fond, l'erreur aura été de sous-estimer Trump, parti tout seul, avec la détestation quasi-universelle des médias. Mais c'est un instinctif, qui a su capter la colère et les frustrations d'une partie de l'Amérique. Il fait peur parce qu'il est excessif, impulsif, a un égo surdimensionné. Physiquement, il pourrait être un cousin d'Amérique de Jean-Marie Le Pen. Même couleur, même corpulence. Pendant sa campagne, il a porté la brutalité de la confrontation politique à des niveaux jamais vus, traitant Hillary Clinton, qu'il a fait applaudir hier, de "crapule", injuriant tout le monde, semblant être le jouet d'un tempérament trop sanguin.

Mais ça n'est pas un clown, un charlatan. Il a quand même réussi à défaire les deux familles les plus puissantes des Etats-Unis : les Bush et les Clinton. Hors normes, Donald Trump l'est à tous les niveaux. Il a été un candidat formidable, mais a-t-il ce qu'il faut pour être un grand président ? That is the question !