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Chaque soir, Nicolas Carreau nous emmène à la découverte des plus belles nouveautés littéraires.

Nicolas, ce matin, un roman policier dans les Cévennes.

Signé de l’auteur corrézien Franck Bouysse. Grossir le ciel au Livre de Poche. Il vient de remporter le prix SNCF du Polar. Ça faisait longtemps que je voulais le lire. C’est l’occasion ! Un polar rural donc, entre Alès et Mende au lieu-dit Les Doges. Il y a là deux fermes éloignées de quelques centaines de mètres. D’un côté, Gus, une cinquantaine d’années. "Que Gus aimait ce pays serait beaucoup dire, écrit Frank Bouysse, mais comme il n’avait rien connu d’autre, il s’était fait à l’idée d’y finir ses jours. Pas malheureux, pas vraiment heureux non plus."

Ah oui on est dans le monde paysan là

Exactement. Gus, c’est un type qui ne demande rien à personne et qui se satisfait de ce qu’il a. c’est-à-dire 17 vaches, des Aubrac et huit veaux. Il a été élevé comme ça. Il fait avec le monde qui l’entoure. Et justement, dans la ferme la plus proche, il y a un autre personnage, Abel. Vingt ans de plus que Gus. Il est tout seul, lui aussi. Enfin, il a Gus, en cas d’urgence. Ils ne sont pas vraiment amis, on ne peut pas dire ça, mais ils entretiennent de bonnes relations de voisinages. Quand une vache a un problème, l’un va aider l’autre

Mais c’est un polar ou une scène de vie à la campagne ?

J’y viens. Un jour, on est en plein hiver, la campagne est blanche de neige, c’est le jour de la mort de l’abbé Pierre, tiens. Je vous le dis, parce que ça attriste beaucoup Gus. Il aimait beaucoup l’abbé. Bref, ce jour-là, Gus part chasser les grives. Il prend son fusil, il se rend sur les lieux où il les a repérées. Il en voit, il épaule son fusil, ajuste. Il commence à presser la détente. Mais là, une détonation. Elle vient du côté de chez Abel. Evidemment, les grives se sont envolées. Et Gus pense que son voisin a eu la même idée que lui. Il se repositionne. En voilà d’autres, il se prépare à nouveau à tirer. Mais cette fois, il entend des cris, en provenance de l’autre ferme. Il court voir ce qu’il se passe. Mais il n’y a personne. Mais Gus voit une grande tâche rouge au sol. C’est du sang. Il panique et s’enfuit chez lui, où il se barricade. Il fait comme si de rien n’était et reprend son petit train-train. Il se dit que le lendemain, il ira emprunter sa tronçonneuse à Abel et qu’il essaiera de tirer les choses au clair. Mais bien entendu, les choses vont plutôt devenir de plus en plus confuses. Vous lirez pour savoir. Mais quelle que soit la résolution du roman, vous ne regretterez pas votre plongée dans un environnement peu exploité par la littérature française contemporaine. La France discrète, la France cachée, celle de Franck Bouysse.

Grossir le ciel de Franck Bouysse donc. Au livre de Poche. Merci Nicolas.

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