Une compagnie d'assurance incite ses clients à faire du sport, les jeux paralympiques : les experts d'Europe 1 vous informent

6:12
  • Copié
SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

Axel de Tarlé, expert économie

C'est une première en France : une compagnie d'assurance "santé" incite ses clients à faire du sport, à soigner son hygiène avec à la clé, des récompenses pour les clients méritants. Generalli qui propose à ses assurés, d'établir un bilan de santé, test sanguins... puis vous assigne des objectifs : faire du sport, manger bio, aller chez le médecin de façon préventive, arrêter de fumer. Bien sûr, cela suppose derrière qu'on va vérifier si vous avez tenu vos objectifs. Si vous êtes vertueux, que vous avez tenu vos objectifs - pas de baisse de tarif, en France, c'est interdit... Mais Générali vous offre des cadeaux, des bons de réduction, ou des voyages.
 
Ce genre de pratique existe déjà dans l'automobile... Axa, et Allianz offre des réductions aux automobilistes qui ont une conduite vertueuse. On installe un boitier dans votre voiture et si vous conduisez prudemment, vous avez des réductions de tarif.  Sauf que là, on parle de notre santé ! C'est gênant de voir une compagnie d'assurance, tout connaitre de notre vie et surveiller - en permanence - notre comportement ! Oui, on peut avoir cette impression d'être fliqué. Attention, vous n'avez pas fait de sport ce matin, et puis, vous avez pris deux verres de vin à midi. C'est le premier écueil, même si on peut retourner l'argument, en disant, que cela peut nous inciter, nous encourager à faire plus attention, à mieux se comporter.
 
Il y a un autre risque plus grave : jusque où va-t-on aller dans la segmentation de la clientèle ? Aujourd'hui, on accorde un bonus à ceux qui ont une bonne hygiène de vie. Demain, vous allez voir - on accordera un bonus à ceux qui auront une bonne hérédité, pas de maladie grave dans la famille. Et du coup, certaines personnes - avec une mauvaise hérédité, un mauvais comportement ne pourront plus s'assurer. Ou alors ce sera très très cher. Au bout du compte, c'est quoi ? C'est tout simplement, la fin du principe de l'assurance qui repose sur la mutualisation des risques, au profit d'une société plus individualiste, du chacun pour soi. C'est en ce sens que cette initiative de Générali est dangereuse, à terme.

 

Sophie Larmoyer, experte internationale

La flamme olympique éclairera à nouveau le stade Maracana aujourd’hui à Rio, et pour 12 jours : les Jeux paralympiques commencent. Plus de 4300 sportifs handicapés venant de 161 pays vont donner le maximum pour décrocher une médaille, et peut-être plus encore que les « valides », ces athlètes-là ont des parcours singuliers, et bien souvent des histoires personnelles, qui donnent encore plus de sens à la performance.

D’abord,  cette jeune femme, capitaine de l’équipe israélienne de Goalball (le goalball c’est une sorte de handball, créé pour les déficients visuels, ça se joue avec un ballon rempli de grelot qu’on fait rouler, il faut marquer des buts). Elham Mhamid est une arable israélienne de 26 ans, elle voudrait que son équipe soit un symbole du vivre-ensemble. Elle raconte qu’au début d’ailleurs, ça n’a pas été simple avec ses coéquipières juives, mais qu’elles sont devenues unies comme une seconde famille. L’équipe a une bonne chance de podium et Elham dit qu’elle adorerait entendre résonner l’hymne, avec un bémol tout de même, parce qu’elle ne se sent pas très concernée par les paroles qui célèbrent "l’âme juive" et le destin du peuple juif. Elle rêve, un jour, d’un hymne qui parle à tous les Israéliens, y compris les arabes.
 
Marieké Vervoort est une sprinteuse en fauteuil de 37 ans, avec déjà un palmarès énorme. Mais elle a prévenu qu’à Rio, ce serait ses derniers Jeux car son état se dégrade. Marieké souffre d’une maladie dégénérative qui lui provoque des douleurs telles que parfois elle s’évanouit ou qu’elle ne dort pas la nuit. Elle en est venue à faire les démarches pour pouvoir choisir de mourir si cela devenait insupportable. Vous savez que l’euthanasie est légale, en Belgique, dans certains cas. Mais pour le moment, ce petit bout de femme avec ses cheveux blonds platine en pétard se bat pour gagner ses courses à Rio. Quand elle s’assoit dans son fauteuil de compétition, Marieké dit que "tout disparaît", qu’elle "expulse les idées noires", elle "boxe la peur, la tristesse, la souffrance, la frustration"… Le sport est sa raison de vivre, dit-elle… et elle prend chaque jour où elle se sent bien comme un cadeau… Marieké   Vervoort s’alignera sur le 400m ce samedi, sur le 100m une semaine après… et on lui souhaite des Jeux magnifiques !

 

Le Vrai-Faux de Géraldine Woessner

Dans l'affaire Bygmalion, la requête de renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy pour financement illégal de campagne donne des sueurs froides à ses supporters… Hier sur Europe 1, Bruno Retailleau, le président du groupe Les Républicains au Sénat, est monté au front pour minimiser la portée de l’annonce. Il déclare :  "La plupart des mises en examen souvent se traduisent par des non-lieu, finalement de l'innocence." C'est faux : sur les 34 700 personnes mises en examen dont l’affaire a été traitée, en 2014, seules 18% ont obtenu un non-lieu, parce que le juge d’instruction a estimé que les charges étaient  insuffisantes, ou que les faits étaient prescrits. Mais attention : non-lieu ne veut pas dire innocence : si des faits nouveaux survenaient ces affaires pourraient se rouvrir.

Qu’en est-il ensuite, de ceux qu’on a jugés, qui sont allés devant le tribunal : là encore les chiffres sont sans appel : un peu plus d’un sur 10 ont été relaxés, en correctionnelle, cela veut dire que le taux de condamnation des mis en examen frise les 90 %, on est loin, sinon à l’opposé, de ce qu’affirme Monsieur Retailleau. On va dire qu’il a pu se tromper de bonne foi, avec 2 hypothèses. Soit il confond les non-lieux avec l’abandon des poursuites, ces classements sans suite que le procureur prononce quand l’enquête n’a rien donné, ou qu’on n’a pas trouvé de coupable… ce taux effectivement est de 70%, mais il n’a rien à voir avec les mis en examen. Soit, et ce serait plus logique, il confond avec les relaxes pour des faits de la même nature que ceux qui sont reprochés à Monsieur Sarkozy… et là effectivement, les statistiques s’inversent : c’est le service central de prévention de la corruption qui les tient. Il nous apprend que 406 élus ont été poursuivis pour des faits de manquement à la probité, entre 2006 et 2014 : seuls 42% ont été condamnés. Mais attention : les affaires de financement illégal de campagne sont si rares que les statistiques n'en tiennent pas compte. Sachez également, que les procédures sont longues, 5 à 6 ans en moyenne… un quinquennat, voyez… Donc M. Retailleau peut se rassurer, les foudres de la justice ne frapperont sans doute pas, avant la prochaine présidentielle, en 2022.