Anne Le Gall 29.01.2016 1280x640 10:06
  • Copié
SAISON 2015 - 2016, modifié à

Axel de Tarlé, Anne Le Gall, Alex Taylor et Antonin André font le point sur l'actualité du jour.

Alex Taylor, expert international

Les Suisses auront tous un revenu universel garanti ?
 
Pas encore, mais, cela vient d’être décidé, ils auront un référendum en juin prochain. La proposition est que chaque Suisse touche 2.300 euros mensuels d’office, comme ça, sans contrepartie. C’est proposé par un groupe d’intellectuels, de philosophes, de communicants et une rappeuse, Big Swiss Sis ("la grande sœur suisse"). On pense toujours que les Suisses ont des montagnes d’argent, mais c’est un pays où 8% vivent en dessous du seuil de pauvreté, et l’idée de base de ce salaire c’est de l’éradiquer. La moitié des Suisses y sont favorables, et seuls 10%, disent qu’ils arrêteraient de travailler si cela existait.
 
Cela existe déjà en Finlande aussi, non ?
 
C’est expérimenté dans certaines villes, et normalement tous les Finlandais auront droit à partir de 2017 à un salaire de 500 puis de 800 euros. Ce qui est étonnant, c’est que c’est défendu par un gouvernement de centre-droit. Aux Pays-Bas, une trentaine de villes comme Utrecht et Groningen expérimentent ce revenu universel depuis le début du mois sur de petits échantillons. Au niveau mondial, c’est déjà acté dans des endroits assez invraisemblables, en Alaska depuis 2014, où chaque habitant a droit à 1.700 euros, mais ce n'est pas sûr qu’ils puissent continuer vu le cours du baril. C’est inscrit dans la constitution du Brésil. En Namibie aussi ! A défaut de l’avoir en France, vous avez au moins une expression que vous pouvez exporter dans le cadre de ce débat, se la couler douce.

 

Anne Le Gall, experte innovation

Après Rio cet été, Zurich va aussi accueillir des olympiades à l'automne mais là ce sont des Jeux Olympiques pour "cyber athlète", ça va s'appeler le cybathlon.

Le 8 octobre, le stade de Zurich va effectivement accueillir des épreuves sportives totalement inédites.
Quelques exemples d'épreuves :
- Des courses d'exosquelette
- Des parcours d'obstacles avec bras ou jambe bionique
- De l’équitation et course automobile avec des avatars commandés par la pensée

Ça ressemble au programme d'un festival de science-fiction mais c'est très sérieux car cette compétition va permette à des athlètes handicapés de s'affronter en utilisant des prothèses et des capteurs dernier cri. Contrairement à ce qui se passe dans les épreuves handisport, où les équipements sont similaires et très règlementés, ici c'est la prime à la recherche et l'innovation. L'objectif c'est de sensibiliser le grand public au potentiel de l'homme augmenté par la technologie.

Mais c'est du sport ou de la robotique ?

Les deux ! C'est du sport parce que ces athlètes handicapés vont vouloir dépasser leur limite et peut être même battre les performances d'athlète valides, qui sait. C'est également de la technologie car c'est une compétition entre ingénieurs pour concevoir des prothèses et des exosquelettes plus légers, plus facile à commander et équipés de batteries longue durée. Le cybathlon vise à booster la robotique dans le domaine du handicap et de la rééducation pour qu'un jour peut-être, on puisse enfiler des combinaisons avec des exosquelettes intégrés souples et invisibles.

Le risque, c'est qu'à la fin on ne sache plus où est la part de performance de l'athlète et celle de la technologie mais peu importe, pour le cybathlon de Zurich en octobre prochain, tout a d’ailleurs été prévu. Dans chaque épreuve il y aura deux médailles : une pour le sportif et une pour le concepteur de son exosquelette ou sa prothèse. Ce sera comme en Formule 1 avec le pilote et l’écurie.

 

Antonin André, expert politique

Pas un jour en Bretagne sans des barrages d’agriculteurs, sans manifestation à Lorient, Quimper, Quimperlé. En pleine crise porcine, les syndicats en appellent désormais au président de Région, Jean-Yves le Drian.
 
Jean-Yves le Drian sera, enfin, en Bretagne cet après-midi à Rennes. Pour parler crise porcine ? Non pas du tout pour signer une convention avec le patron d’Orange sur la couverture internet haut débit. La dernière fois que Jean-Yves le Drian a vu des éleveurs bretons ? Le 18 janvier. Puis plus rien jusqu’à une interview dans Ouest France hier et celle dans les Echos ce matin. Ce n’est pas ce qui va éteindre la crise, les syndicats qu'Antonin André a eus hier au téléphone étaient très remontés. "On se fout de notre gueule", voilà la formule très crue de l’un d’entre eux. La colère monte et elle cible désormais Jean-Yves le Drian dont la maison a été encerclée par des tracteurs il y a quelques jours. "On veut le voir sur le terrain !", voilà ce qu’on dit en Bretagne.
 
Ils étaient prévenus en même temps les Bretons : Jean-Yves Le Drian s’est présenté avec la double casquette président de Bretagne et ministre de la Défense. Il n’avait d’ailleurs pas fait campagne à cause des attentats de novembre et les Bretons l’ont largement élu.
 
Ce n’est plus une double casquette, c’est une triple casquette c’est pour ça que c’est intenable : ministre de la Défense auprès du président de la République, président de région et ministre de l’Agriculture. Les éleveurs ne veulent plus parler avec Stéphane Le Foll, leur interlocuteur unique c’est Jean-Yves le Drian. Ils attendent de Le Drian qu’il défende leurs intérêts. Si les arbitrages du gouvernement les déçoivent, les agriculteurs le reprocheront à Jean-Yves Le Drian. Ils lui en voudront d’autant plus qu’il parle à l’oreille du président.

La crise en Bretagne, c’est la démonstration que le cumul des fonctions est aujourd’hui devenu anachronique, insupportable pour les électeurs et les administrés. Ce qui est frappant, c’est que ni à l’Élysée ni au ministère de la Défense on n’en a conscience. Le ministre suit la crise au téléphone au jour le jour d'après son cabinet. "Que voulez-vous qu’il fasse de plus ? Qu’il mette un bonnet rose ?". A l’Élysée, on explique que la Bretagne ce n’est pas leur problème, eux s’occupent de la Défense du pays. Il y a un peu de mépris dans ces réponses. François Hollande peut corriger tout cela : lui qui est si soucieux de l’exemplarité dans la pratique du pouvoir : qu’il rende aux Bretons leur président à plein temps au prochain remaniement en le déchargeant du ministère de la Défense.

 

Axel De Tarlé, expert économie

On constate une nouvelle forte progression des achats sur Internet avec plus 14 % en France en 2015.
Même si Internet ne représente que 7 % du commerce de détail en France, le e-commerce a radicalement changé, voir transformé la vie et le métier de commerçant.

Pour commencer, Internet exerce une dictature sur les prix.
Dans les magasins, les gens dégainent désormais leur téléphone portable pour comparer les prix ce qui oblige le commerçant à les baisser pour s'aligner sur Amazon notamment.
On peut donc parler de pression déflationniste d'internet sur les boutiques.

La question c'est : jusqu'où va monter Internet ? Est-ce que les magasins en durs sont menacés et finiront un jour par disparaitre ?

Il est peu probable que les magasins viennent à disparaitre car il existe un réel besoin du consommateur de toucher le produit.
Et puis, il existe un véritable plaisir du shopping comme le déclare le patron de Carrefour ce matin dans Les Echos : "Qui rêve d'un monde dans lequel chacun vivrait cloitré et commanderait tout sur ses écrans ?".

Les commerçant peuvent donc gagner la bataille du plaisir en misant sur l'accueil en magasin
Aux États-Unis, on accueille de plus en plus le client par son nom en lui proposant un café. On peut même imaginer que l'on vous mette la musique que vous aimez dans la cabine d'essayage.

L'évolution est déjà à l’œuvre notamment avec Decathlon qui vient d'ouvrir une première boutique "show room" à Lille où les vendeurs sont entièrement dédiés à l'accueil, au service et au conseil.
Les clients peuvent regarder les articles exposés avant de les commander sur Internet ou de les retirer en magasin.
La priorité est donc mise sur l'accueil et le conseil.

On voit comment le e-commerce a profondément modifié de façon positive le métier de commerçant.
S'occuper du client plutôt que de s'occuper du réassort permanent des produits dans les rayons.