EDF fait de la résistance pour fermer Fessenheim, François Hollande en frontal contre la CGT et le debrief de France-Albanie : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2015 - 2016

François Clauss, Antonin André et Axel de Tarlé font le point sur l'actualité du jour.

Axel de Tarlé, expert économie

EDF engage un bras de fer avec le gouvernement sur la fermeture de Fessenheim. L'entreprise rechigne à fermer cette centrale (la plus vieille de France) comme l'exige le gouvernement.

Ce n'est pas banal de voir le patron d'une entreprise publique dont l’État détient 85 % d'EDF être dominant.
Malgré tout, le PDG d'EDF refuse de lui obéir sur la fermeture de Fessenheim, qui était une promesse de campagne de François Hollande.

Pourquoi ? Parce que si l’État est bien le patron chez EDF, il l'est moins à Fessenheim. Cette centrale appartient certes à EDF mais, il y a aussi des partenaires Suisses et Allemands qui détiennent un tiers de Fessenheim.
Évidement, si l’État décide de fermer autoritairement la centrale, ce n'est pas neutre pour ces partenaires suisses et allemands, qui en bon droit peuvent et même doivent être indemnisés.
C'est là que le bas blesse. Ségolène Royal propose une indemnisation ridiculement basse de 100 millions d'euros, là où les propriétaires en attendent deux ou trois milliards.
Donc, pour le patron d'EDF pas question d'engager la fermeture de cette centrale, tant que ce problème d'indemnisation ne sera pas réglé.

Mais enfin, il est peut-être temps de fermer cette centrale qui a près de 40 ans et qui est la plus vieille centrale de France en activité.

C'est vrai mais, enfin, il y a eu des investissements de modernisation. On ne badine pas avec le nucléaire avec notamment 300 millions d'investissements. Si bien qu'aujourd'hui, selon le dernier rapport de l'Autorité de Sureté Nucléaire d'avril, Fessenheim est l'une des centrales les plus sûres de France : "ses performances en matière de sûreté nucléaire se distingue positivement" donc, c'est une centrale vieille mais en parfait état et qui pourrait fonctionner encore très longtemps.

Donc, elle ne fermera jamais ?

C'est bien possible.La fermeture de Fessenheim était liée à l'ouverture de l'EPR de Flamanville, la nouvelle centrale de troisième génération. Pour le réseau, c'était neutre caron perd l’électricité de Fessenheim mais on récupère Flamanville.
Sauf que Flamanville n'ouvre pas et n'ouvrira pas d'ici deux ou trois ans.
Donc, oui, certains jouent la montre. D'ici là, il y a des élections et la droite a promis de suspendre cette fermeture.

Antonin André, expert politique

La politique c’est le carton rouge du président de la république et du premier ministre à la CGT, François Hollande laisse menace d’interdire la prochaine manifestation. On est passé de la guerre d’usure à la manière forte.

L'hôpital Necker "C’est une attaque de vandales dans un lieu de solidarité qui discrédite totalement tous ceux qui en sont à l’origine" ce sont les mots de François Hollande. Visée, accusée : la CGT pour avoir organisé le désordre et avec préméditation. Dès la préparation du parcours, avec la préfecture elle a joué la tension. Coupable aussi d’avoir sous-évalué les risques de débordements en n'adaptant pas son service d’ordre. D’autant que les gros bras de la CGT sont réputés pour leur savoir-faire en matière de service d’ordre. Coupable enfin la CGT de complaisance, il lui a fallu 24 heures pour condamner la casse à l’Hôpital Necker. Au terme du réquisitoire, la CGT est interdite de manifestation à Paris ainsi en a décidé le Président de la République.

Le gouvernement interdira la prochaine manifestation si elle était réclamée. Il aura fallu attendre quatre mois de conflit, de blocages et de casses. Alors qu’on est en état d’urgence avec une menace terroriste et l’Euro. Est-ce que ça n’arrive pas un peu tard ?

C’est tard et c’est bien le moins pour reprendre une expression de François Hollande. Qui manifeste ? Les militants les plus radicaux de la CGT, une ultra minorité d’un syndicat déclinant, pas du tout représentatif du corps social. Certains ont participé aux violences si l’on en croit la préfecture, un hôpital a été pris pour cible. Et en face le gouvernement a tardé à remettre de l’ordre, à assurer le premier droit fondamental selon Ségolène Royal : la sécurité. Est-ce que vous imaginez une seule seconde en d’autres temps, mais sous la gauche au pouvoir, un Gaston Deferre ou un Jean-Pierre Chevènement laisser une minorité radicale exposer la rue à ce degré de violence ? A quelques jusqu’aux boutistes qui mènent des actions illégales comme priver d’électricité une partie de l’ouest de la France ? Ça fait quatre mois que le gouvernement joue la montre et l’usure. Et qu’est-ce que c’est jouer la montre: c’est rester passif, attendre, être spectateur. Une posture devenue intenable alors que la demande d’autorité n’a jamais été aussi forte. En la matière, François Hollande a dilapidé tout son crédit. La question maintenant est de savoir s’il tiendra son engagement d’interdiction en cas de nouvel appel à manifester de la CGT.