Ghana : l'enquête sur un massacre datant de 2005 pourrait être réouverte

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Au mois de juillet 2005, 55 migrants dont 44 Ghanéens ont disparu après avoir été arrêtés en Gambie. Les ONG Human Rights Watch et TRIAL International, affirment avoir des preuves que le massacre de ces migrants a été commandité par le président de l’époque de la Gambie.

On prend la direction du Ghana, ce petit pays d’Afrique de l’ouest, où des organisations de défense des droits de l’Homme et des familles de victimes demandent la réouverture d’une enquête sur un massacre de migrants qui avait eu lieu en juillet 2005…

Oui, 55 migrants dont 44 Ghanéens, qui voulaient gagner l’Europe. Comme beaucoup ils avaient donc embarqué sur une sorte de pirogue depuis le Sénégal, sur la côte atlantique. Un moteur sans essence, l’embarcation qui dérive, les voilà plus au sud, sur une plage de Gambie. C’est là qu’ils sont arrêtés. Huit corps sont retrouvés sur le sable le lendemain. Les autres disparaissent après une semaine de détention, on ne les retrouvera jamais.

On sait qui les a tués et pourquoi ?

Justement, les ONG Human Rights Watch et l’organisation suisse TRIAL International, affirment avoir des preuves que le massacre de ces migrants a été commandité par le président de l’époque de la Gambie, Yahya Jammeh, qui avait pris le pouvoir par la force en 94. Il l’a gardé 22 ans, notamment en semant la terreur avec sa milice personnelle, les "junglers". Certains pensent que sa paranoïa l’avait poussé à imaginer que ces simples migrants échoués étaient des mercenaires qui voulaient le renverser. Les ONG en ont aujourd’hui la certitude, grâce aux interviews d’une trentaine d’anciens responsables du régime, qu’ils ont rencontrés depuis deux ans et surtout grâce au témoignage de Martin Kyere, un vendeur de chaussures ghanéen, seul rescapé du massacre de 2005. Il avait réussi à s’échapper et ce qu’il raconte fait froid dans le dos.

C’est notamment cet homme-là qui mène le combat pour que la vérité émerge ?

Oui, il pense que c’est sûrement pour ça qu’il est resté en vie, il est un témoin clé. De retour au Ghana, il a cherché les familles de ses codétenus assassinés, en a retrouvé 25. Un avocat américain les aide dans leur combat, Reed Brody, de Human Rights Watch. C’est lui qui avait déjà conseillé les victimes du Tchadien Hissene Habré, qu’ils ont réussi à envoyer derrière les barreaux à perpétuité. Cette fois, l’ex-président Yahya Jammeh est exilé en Guinée équatoriale. Les familles de victimes demandent qu’il soit extradé et poursuivi en justice. Si les autorités ghanéennes acceptaient d’ouvrir cette enquête, des centaines d’autres victimes pourraient bien à leur tour demander justice, cette fois en Gambie, des victimes directes du régime de Jammeh.

Et on part en Malaisie maintenant, pour une autre histoire. Le chef de l’opposition, Anwar Ibrahim, vient de sortir de prison, gracié par le Roi. Carol Isoux, vous êtes basée à Bangkok, et correspondante dans cette région d'Asie du sud-est, pour Europe 1. Si cet opposant a pu sortir aujourd’hui, c’est que la Malaisie est en pleine révolution. Racontez-nous !

Oui, Anwar Ibrahim purgeait une peine pour "sodomie", qui est un chef d’accusation grave dans ce pays conservateur, et souvent utilisé pour réduire au silence les opposants politiques. Or il y a quelques jours, sa coalition a remporté une victoire historique lors des élections. Anwar est un ancien vice-Premier ministre qui s’était retourné contre son ancien parti au pouvoir. Pour cette rébellion, il a payé le prix fort : neuf ans de prison pour homosexualité. Aujourd’hui, il est appelé à diriger le nouveau gouvernement. Et ce sera historique dans la mesure où c'est la première fois en 61 ans qu’il y a une alternance en Malaisie.

Un événement dont on n’a pas ou presque pas entendu parler ici. Finalement ici, on sait très peu de chose sur la Malaisie…

Et pourtant, c’est un des pôles économiques de l’Asie du sud-est, au carrefour des cultures musulmane, chinoise et indienne, mais plombé par des tensions entre communautés et des lois raciales inéquitables. Et c’est comme ça justement que jusqu’ici, le parti gouvernemental se maintenait au pouvoir ; en affichant un favoritisme inconditionnel pour cet électorat musulman majoritaire.

Mais cette fois-ci ça n’a pas suffi. Le gouvernement a été rattrapé par la corruption.

Oui avec l'un des plus gros scandales politico-financiers de l’histoire, qui a permis à l’opposition de remporter la victoire. Ecoutez bien. Sur les comptes personnels de l’ex Premier ministre, ce sont près de 600 millions d’euros de fonds publics qui ont été retrouvée. 600 millions, une somme qui a servi à financer une villa à Londres, un tableau de Claude Monet et même, ça ne s’invente pas, la production du film "Le Loup de Wall Street", avec Leonardo du Caprio.

En bref, une info foot, pour se mettre dans l’ambiance. Une photo fait polémique en Allemagne.

Oui on y voit deux joueurs de la Nationalmannschaft, tout sourire, aux côtés du président turc. C’était dimanche dernier. Les internationaux allemands - mais d'origine turque - Özil et Gündogan, ont remis à Erdogan des maillots dédicacés de leurs équipes respectives : Arsenal et Manchester City. Le problème, c'est que les photos de cette rencontre ont été utilisées par le président turc pour sa campagne avant les élections anticipées du mois prochain. Les deux joueurs ont eu beau expliquer qu'il n'y avait aucun soutien politique de leur part, ils sont très critiqués en Allemagne, accusés de s'être laissé "manipuler". Evidemment, l’extrême-droite, l’AfD, s’est immédiatement saisie de la question. Et un sondage publié aujourd’hui montre que 83% des Allemands estiment que cela nuit à l’image de la Nationalmannschaft, leur équipe nationale.

En Espagne, un gang de voleurs de jambon vient d’être démantelé !

Attention, on parle du Jambon de Teruel, qui est un jambon de montagne très apprécié des Espagnols. Il bénéficie d’une appellation d’origine contrôlée. C’est du sérieux. Et il aura fallu deux ans de traque de la Garde civile pour finalement arrêter quatre cambrioleurs de jambon. L'un des premiers vols de la bande a eu lieu dans une sécherie où ils ont emporté 594 jambons d’un coup. Valeur estimée : 23.000 euros ! Et au total, ils sont accusés d'avoir dérobé près de 2.000 jambons ! Il était temps que cela cesse.